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«De la mort prochaine» un recueil poétique sur un sujet grave par François Debluë

Vincent HortLa page littéraire
La Nation n° 1895 13 août 2010
Au moment où il s’apprête quitter l’enseignement, François Debluë publie deux nouveaux ouvrages dans lesquels il partage certaines des pensées qui l’ont habité au cours des dernières années. Le premier texte est un fin recueil de poésie qui traite avec délicatesse d’un sujet difficile et pourtant inéluctable: la mort. La seconde publication, intitulée Fausses notes, réunit les réflexions que lui inspire le monde, sur lequel il porte un regard tantôt critique, tantôt ironique. Nous aurons l’occasion d’y revenir lors d’un prochain numéro de La Nation.

Force est de reconnaître que la poésie est aujourd’hui un genre littéraire confidentiel et plus d’un lecteur (y compris l’auteur de cet article) pourraient avoir quelque appréhension à consulter un recueil de ce style. Les textes composés par François Debluë dans De la mort prochaine devraient pourtant leur ôter cette crainte. La première partie du fascicule réunit une série de courtes proses ajustées avec délicatesse qui amène à aborder tout naturellement les poèmes qui composent la seconde partie.

Le thème choisi par l’écrivain de Rivaz est par essence un sujet sensible. Tel est particulièrement le cas dans une époque qui prétend conjurer la mort en l’occultant par une agitation perpétuelle ou en la reléguant dans les hôpitaux et les homes médicalisés. Que ce soit par la maladie ou par le décès d’un proche, chacun se trouve tôt ou tard confronté à la douloureuse réalité de la mort. Devant cette inéluctable rencontre, l’individu se découvre terriblement seul et démuni. L’auteur ne cherche pas à nier cette cruelle évidence mais, en partageant ses pensées, graves ou légères, il permet à ses lecteurs de nourrir leurs propres réflexions.

En évoquant des situations du quotidien, des épisodes personnels, des écrivains, des peintres ou des compositeurs célèbres qui ont su exprimer la mort au travers de leurs oeuvres, l’auteur développe au fil des pages une méditation subtile et intense sur la solitude, la peur, la souffrance, l’inconnu et l’absurdité de la mort.

La sensibilité que manifeste François Debluë dans ses textes ne masque cependant pas une absence dont la sensation s’insinue progressivement à la lecture de son recueil. «Ô mort, où est ta victoire?» proclame l’apôtre Paul. Pourtant De la mort prochaine ne contient pas un mot sur le Salut du Christ et à peine une mention de la résurrection. Or comment parler de la mort sans évoquer aussi l’espérance de la Résurrection? L’absence de cette dimension transcendante – même si elle ne devait être pour lui qu’un simple doute - risque de laisser le lecteur sur un sentiment d’inachevé. Malgré cela, la lecture des textes de De la mort prochaine fait du bien. Sans éluder le caractère tragique et définitif de la mort, ils accompagnent le lecteur et lui permettent de se sentir plus serein lorsque les circonstances de l’existence le confrontent à son état de créature limitée et mortelle.

 

François Debluë, De la mort prochaine, 2010, Edition de la revue Conférence, 126 p.

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