Le magistère de la télévision
L’autonomie croissante des individus a installé dans nos sociétés modernes le règne des opinions. La montée de l’opinion publique est une tendance lourde de la modernité, et cela est une des principales causes de la perte des repères. En effet, si toutes les opinions se valent, les repères se dissolvent dans une sorte de flou où tout est interchangeable. Le prêtre, le maître d’école, la famille, le militant ne sont plus là pour dire clairement ce qui est bien et ce qui ne l’est pas, ce qui est juste et ce qui est injuste.
A qui échoit dès lors la fonction d’inculquer les normes? A qui revient la tâche de dire où se trouve le bien? A personne en particulier et à la télévision en général. C’est vers la télévision que tous les soirs se tournent ceux qui veulent retrouver quelques repères. Ils se mettent devant l’écran et sont disponibles pour ingurgiter la soupe qui y est servie. […]
L’idéologie qui fonde la démocratie moderne rejette par principe toutes les normes objectives – religieuses, morales ou politiques – qui s’imposeraient à l’individu. Seules comptent les opinons individuelles arithmétiquement additionnées. C’est laisser le champ libre au magistère de la télévision.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- De gauche par défaut – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Schwyzerdütsch, encore – Alexandre Bonnard
- Un sociologue contre le désordre – Claire-Marie Lomenech
- Bureaucratie: un exemple pratique – Antoine Rochat
- Féries parlementaires et délais de référendum – Félicien Monnier
- Réveils – Revue de presse, Philippe Ramelet
- Des consciences de plus en plus affinées – Revue de presse, Ernest Jomini
- Chablais Agglo ou autogoal? – Cédric Cossy
- Juvenilia CI – Jean-Blaise Rochat
- Bouffons – Le Coin du Ronchon