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Halte à la laideur: signez!

Jean-François Cavin
La Nation n° 1945 13 juillet 2012

Contre le crime de la Cité, contre la réalisation de Rosebud comme nouveau parlement cantonal, donc pour le referendum qui s’y oppose, un seul argument suffit: ce projet est laid. Profondément laid. Irrémédiablement laid. Et la feuille de signatures encartée dans ce numéro de La Nation le dit justement: les meilleurs arguments contre le décret du Grand Conseil ouvrant le crédit pour cette abomination sont les photomontages officiels. Contemple-les, mon âme, ils sont vraiment affreux.

Il faut faire obstacle à cette laideur à cet endroit. Car le toit énorme et pesant, au dessin vulgaire, couvert d’un triste métal gris, défigurerait l’ensemble remarquable de la Cité. La Cité, l’un des seuls sites lausannois qui a échappé au massacre de nos quartiers historiques, organisé jusqu’au milieu du XXe siècle par des promoteurs incultes, perpétré par des architectes insensibles au passé, toléré sinon promu par des édiles incapables. La Cité, encore préservée jusqu’ici, et dont une nouvelle bourde architecturale romprait la belle harmonie des toitures de tuiles en terre cuite.

En faveur de Rosebud, la littérature officielle ou para-officielle avance de nombreuses raisons, trop nombreuses pour qu’une seule soit bonne. Voici un échantillon.

Ce projet hardi exprimerait clairement la fonction symbolique du premier pouvoir du canton; la fonction du Grand Conseil serait-elle de saccager le patrimoine? Voilà dix ans qu’on travaille sur le sujet, et on a déjà dépensé trois millions; est-ce un motif de persévérer dans l’erreur? Ce toit permettrait un fonctionnement optimal du chauffage solaire; mais l’écologie excuse-t-elle tout? Va-t-on couvrir de panneaux photovoltaïques le pan sud du Clos des abbayes, en plein Dézaley? Ou prolonger d’un mât d’éolienne le gracieux clocher de l’abbatiale de Payerne? L’officialité tartine encore avec un autre thème: le projet n’aurait pas fait l’objet, jusqu’ici, de «contestation notoire». Merci pour le Mouvement pour la défense de Lausanne, qui a formulé une opposition musclée lors de la mise à l’enquête. Accessoirement, rappelons que notre journal a attaché le grelot dès avant le concours d’architecture et a dénoncé la faute sans relâche; nous ne sommes peut-être pas notoires, mais certainement contestataires. D’ailleurs, la question n’est pas là. Quelle conception le Conseil d’Etat a-t-il des droits populaires? Des citoyens mécontents multiplieraient- ils les oppositions que nos élus y verraient du harcèlement; mais si l’on ne prend pas les armes tout de suite et sans cesse, on serait forclos? allons, gens du Château: le décret du 12 juin 2012 accordant au Conseil d’Etat un crédit d’ouvrage de 15570000 francs est-il soumis au referendum facultatif, oui ou non? Alors, silence! Le pêcheur de perles fait encore quelques trouvailles dans la Nouvelle Revue du 27 juin, où M. Frédéric Borloz signe un article sous le titre: Rosebud: un referendum inutile. Inutile? On ne saura pas pourquoi.

Mais on découvre une comparaison saisissante entre Manhattan, qui a reconstruit à Ground Zero dix ans après le 11 septembre, et la Cité où les vaudois laisseraient subsister une ruine quelques années encore. Où est le rapport entre un gratte-ciel parmi les gratte-ciel et un gros chapeau haut-de-forme métallique parmi les jolies toitures de notre chef-lieu? et l’on trouve encore cette réflexion qui vaut son pesant de grosses ficelles: Que penser aussi de l’arrière- pays qui voit une fois de plus la capitale lui refuser un projet d’importance […]? Jouer de la division entre le Canton et le chef-lieu, ça a eu payé; essayons encore, on verra bien.

Quittons ces hauteurs politiques, qui ne témoignent au fond que de l’embarras de l’officialité, et revenons à l’essentiel: ce projet est laid, signez!

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