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Le journaliste qui a vu le Roumain qui a vu l'ours

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 1945 13 juillet 2012

Vous avez certainement remarqué cet article paru à la mi-mai dans 24 heures. Le journaliste Fabian Muhieddine s’était levé ce matin-là en se disant qu’il allait faire la même chose que ses confrères: tourner en ridicule le pays où il gagne sa vie. Le thème: les Suisses ont peur de quelques animaux sauvages alors que les habitants des autres pays moins développés, eux, sont beaucoup plus débrouilles et courageux. Le titre: «La Roumanie a appris à cohabiter avec 6000 ours».

A coup de chiffres et de conversations rapportées, l’article ne nous apprend rien de vraiment décoiffant. Oui, les Roumains vivent avec beaucoup d’ours parce que le pays est grand et comporte beaucoup de régions sauvages; mais ils ont aussi peur de ces animaux. Ceux qui n’en ont pas peur finissent déchiquetés (les statistiques officielles font état de deux à quatre morts chaque année). Dans les campagnes, des «gestionnaires» gagnent de l’argent en organisant des chasses à l’ours pour des touristes étrangers.

En lisant cela, on se dit que la suggestion de M. Muhieddine n’est pas inintéressante et que la Suisse pourrait, en effet, suivre l’exemple roumain. Mais pourquoi se limiter aux ours? Ne faudrait-il pas aussi copier la Roumanie pour ce qui concerne les conditions sociales ou salariales? Ou encore pour les relations avec certaines minorités pénibles? Car on pourrait faire valoir que les Roumains ont appris à cohabiter avec plus de 530’000 Roms (qu’ils traitent, il est vrai, avec le même respect qu’ils ont pour les ours, c’est-à-dire en les transformant en descentes de lit).

L’article ne nous dit cependant pas si les ours, eux, ont appris à cohabiter avec les Roumains. Ou avec les Roms – ce qui leur sera aussi utile s’ils veulent s’acclimater en Suisse. On ne nous précise pas non plus si, suivant les directives édictées par notre Office fédéral de l’environnement, nous devrons attendre qu’un ours ait dévoré vingt-cinq personnes en un mois pour pouvoir l’abattre.

Ce dont on est sûr, en revanche, c’est que ce reportage constitue une sacrée provocation. Car 24 heures reste tout de même un quotidien vaudois, et parler d’ours à un Vaudois, même après quatre cent septante-six ans, c’est comme parler de nez à Cyrano de Bergerac. Le lynx, le loup, le mammouth ou le diplodocus, oui. Mais l’ours, non.

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