Un plaisantin au Château

Il arrive que des conseillers d’Etat aillent fêter le centenaire d’une entreprise vaudoise. Ce fut le cas de M. Broulis, comme il nous le raconte lui même dans 24 heures du 7 juillet («1912, si proche et si lointain»). Nous savions M. Broulis habile politicien et financier avisé, nous découvrons un plaisantin lorsque, après s’être plongé pour l’occasion dans les réflexions du chroniqueur de la Gazette de 1912 il écrit: […] Sur le plan politique, le même (chroniqueur, réd.) s’inquiète de «l’augmentation constante des attributions du pouvoir fédéral [qui] a d’ailleurs diminué beaucoup les attributions législatives des cantons. Le Grand Conseil tend de plus à devenir une simple autorité de contrôle. C’est une raison de plus de diminuer le nombre des députés».

Aujourd’hui, le fédéralisme est plus vivant que jamais, et c’est pour cela que le Grand Conseil a droit à un nouveau bâtiment novateur qui s’intégrera parfaitement dans l’horizon de la Cité. […] «Fédéralisme plus vivant que jamais»? Certes, dans leurs discours, tous les suisses, la main sur le coeur, se disent fédéralistes. Mais depuis 1912, la souveraineté cantonale a été lentement grignotée. M. Broulis est bien placé pour savoir que les gouvernements cantonaux se font morigéner par l’administration fédérale. Nous n’avons que faire des salades fédéralistes pour justifier le nouveau bâtiment du Grand Conseil. après avoir siégé quelques années dans le faux palais florentin qui vers 1900 a défiguré le Vieux-Lausanne, le Grand Conseil risque de se retrouver dans un nouveau bâtiment dont le toit démesuré et disgracieux ne couvrira à brève échéance que du vide politique.