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Le jardin botanique de Saint-Triphon

Fedi Jemli
La Nation n° 1949 7 septembre 2012

Lorsque l’on pénètre dans le jardin botanique de Saint-Triphon, situé non loin du centre du village, ce qui nous frappe est tout d’abord l’atmosphère du lieu: point d’entrée formelle pour y prendre quelque ticket, ni de panneau explicatif qui marquerait l’accueil du touriste, mais d’emblée la nature, généreuse et abondante, se révèle à nous dans toute sa finesse, et nous touche vraiment. Sur le côté, quelques chaises suggèrent la méditation. Non loin de là se trouve un petit étang où l’on aperçoit des têtards fuir et disparaître sous les nénuphars qui s’épanouissent sur l’eau.

Notre marche débute sur une longue allée de gazon bordée des deux côtés par de nombreuses variétés d’arbres et de plantes exhalant des parfums délicieux. Notre vue est tant grisée par ces couleurs vives qu’on en perd son latin. Ou du moins, pour éviter l’emphase, on retient surtout, de la «Balsamide chrysanthemum» et du «Lis Henrii» qui défilent sous nos yeux, une impression troublante de beauté exquise, dont le nom latin vient souligner le charme mystérieux.

Les botanistes recensent 850000 espèces végétales de par le monde, dont 3000 en Suisse. Or, ce sont plus de 6000 espèces végétales différentes qui peuplent le jardin botanique de Saint-Triphon, que William Aviolat a patiemment cultivées en échangeant par poste les graines de ces créatures merveilleuses avec les 1800 autres jardins botaniques qui existent dans le monde. Justement, il vient à notre rencontre à l’abord d’une clairière ombragée. C’est un homme fin et doux, dont le regard affable nous met à l’aise pour la discussion. Nous apprenons qu’il vit ici, que le domaine lui appartient depuis 43 ans, et qu’il habite une petite maison en bois située à proximité de la serre, où de multiples variétés de cactus et de plantes tropicales grandissent, qu’il n’hésite pas à ramener dans son logement lorsque la saison froide arrive. Passionné de botanique depuis sa tendre enfance, M. Aviolat a très vite décidé qu’il serait jardinier. Après un CFC de paysagiste et plusieurs années dans le métier, il a racheté la clairière d’un paysan et a peu à peu débuté l’oeuvre de sa vie.

La place est idéalement située pour former un micro-climat: à l’abri des vents du nord par une corniche qui le protège, le lieu est orienté au sud et en dehors des zones pluvieuses. C’est pourquoi y poussent de nombreuses plantes inhabituelles dans nos régions, comme des magnolias du Japon ou simplement des oliviers. M. Aviolat nous fait découvrir les trésors de son jardin, répondant précisément à nos interrogations. Nous apprenons ainsi que la sauge sclarée est utilisée pour les parfums et que l’angélique comporte tant de vertus médicinales qu’elle est surnommée l’«Archange».

Très vite, la culture scientifique du jardinier nous épate. Lorsque nous nous étonnons de sa vigueur au travail à un âge pourtant avancé, il répond avec un sourire qu’il vaut mieux placer sa confiance en Dieu plutôt que dans les hommes. M. Aviolat n’a rien à envier aux pasteurs, puisque sa vocation missionnaire, il l’accomplit ici chaque jour, étant toujours disposé à discuter avec les personnes qui viennent, puisque d’ailleurs l’entrée est libre et n’est même pas soumise à des horaires d’ouverture. Celui-ci n’hésite d’ailleurs pas à comparer son jardin à une église dont la voûte est le ciel infini aux milles étoiles. Certes, parler de l’oeuvre du Christ n’a pas toujours été facile, notamment lorsqu’il a appris que les enseignants accompagnés de classe évitaient de pique-niquer dans son jardin en raison des quelques écriteaux affichant des versets bibliques.

William Aviolat transmet inlassablement le message de sa foi au visiteur, entretenant seul et sans relâche le jardin en véritable gérant de la Création, et cela pour le plus grand plaisir de nos yeux.

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