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Une vérité à la carte

Cosette Benoit
La Nation n° 1938 6 avril 2012

L’itinéraire d’un jeune étudiant en théologie est suffisamment exceptionnel pour que la presse s’y intéresse. Quel attrait peut bien avoir une formation si démodée, se demande-t-on? Thomas, seul étudiant en théologie immatriculé à l’Université de Neuchâtel, a donné son témoignage au journal La Côte, il y a quelques mois déjà.

D’entrée, il se veut rassurant et balaie les a priori gênants qui menacent de le discréditer: Ce n’est pas parce que tu es en théologie que tu vas tous les dimanches au culte et que la Bible est ton livre de chevet. Il est vrai qu’il y a des gens un peu austères, mais il y a aussi des gros fêtards, comme dans toutes les facultés. Thomas se défend donc d’être vraiment pratiquant. Il a atterri en théologie après avoir essayé d’autres voies (les lettres, la musicologie) et pense avoir désormais trouvé ce qui lui convient. Il n’est pas question de vocation. Les propos de l’étudiant suggèrent que Dieu est d’abord un concept, plutôt qu’une personne susceptible d’appeler quelqu’un au ministère. D’ailleurs, il n’est pas persuadé qu’il y a quelqu’un là-haut: Je ne suis pas sûr de l’existence de Dieu. Par contre, je crois dans les messages de l’Evangile.

Ce qui plaît à Thomas dans son parcours académique, c’est la diversité des cours entre étude de la Bible, philosophie, éthique, apprentissage du grec et de l’hébreu anciens; diversité des opinions également, le partage d’idées dans un esprit d’ouverture permet à chacun d’expliquer la religion telle qu’il se la représente. Pour progresser, il faut apprendre à remettre en question les dogmes comme on remet en question des thèses scientifiques pour faire avancer la science. Cette démarche, qui se veut neutre et objective, exclut bien entendu la foi, comme le précise le futur pasteur: Notre foi n’est pas intégrée dans nos études. Dans le même esprit, Thomas enseigne des adolescents lors de camps où un catéchisme à la carte est dispensé. Les textes bibliques servent alors d’outil pour aborder différents thèmes d’actualité qui préoccupent les jeunes.

Quant aux débouchés, l’étudiant explique qu’ils sont nombreux car les études de théologie permettent avant tout d’acquérir une méthode. Au terme de sa formation, Thomas sera donc capable de faire preuve d’efficacité, d’organisation et d’esprit d’ouverture, des qualifications alléchantes pour un futur employeur.

On frémit à l’idée que Thomas vise la théologie pratique. C’est pourtant le domaine d’études qui l’intéresse le plus. On ne peut s’empêcher de douter de l’aptitude d’un futur pasteur qui revendique le droit d’être fêtard plutôt que pratiquant, qui n’est pas sûr de l’existence de Dieu et dont le but est de remettre en question l’incontestable. L’esprit d’ouverture et les qualités d’organisateur efficace que son parcours académique lui auront permis d’acquérir semblent le prédestiner davantage à une carrière de jeune cadre dynamique dans une multinationale. On s’interroge sur la manière dont Thomas guidera ceux qui sont angoissés à l’idée de la mort, qui sont chargés par le poids de leur culpabilité, qui passent par le deuil, qui sont dévastés par l’épreuve ou qui se posent des questions existentielles. Comment s’y prendra-t-il pour les apaiser? S’asseoir avec eux pour partager des idées vagues sur sa perception du phénomène religieux ne sera pas satisfaisant!

Le problème, c’est que la formation théologique que dispensent nos universités est à mille lieues de la réalité de la foi (qu’elles ne prennent d’ailleurs plus en compte) – cette croyance inébranlable, cette ferme espérance, cette adhésion totale aux dogmes bibliques. La foi chrétienne n’est pas une philosophie ou un système de pensée auquel on adhère plus ou moins. Elle est tout autre: elle consiste en une rencontre personnelle avec Dieu qui se révèle à Sa créature. Dans les premiers versets de Jean 14, lorsque l’apôtre Thomas demande au Christ quel est le chemin qui mène à la maison du Père, le Seigneur répond qu’Il est le Chemin, la Vérité et la Vie. Croire en les messages de l’Evangile, c’est croire que Jésus-Christ est la Vérité incarnée, le rayonnement de la gloire et l’expression de l’être de Dieu (Hébreux 1:3). La Vérité n’est donc pas une abstraction, c’est connaître Dieu et vivre dans la communion avec Lui, en Jésus- Christ. Par la foi, le croyant reçoit cette Vérité transcendante comme un tout, comme la révélation de Dieu lui-même.

Exclure la foi des études de théologie, remettre en question ses dogmes et proposer une vérité à la carte revient à dénaturer complètement le christianisme.

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