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Fougue baroque

Jean-François Pasche
La Nation n° 1985 24 janvier 2014

En sortant du concert, une dame déclarait: «Je pensais que cela allait être kitch, mais finalement, j’ai beaucoup apprécié cette musique». À vrai dire, il serait prétentieux d’affirmer ne pas aimer le répertoire baroque interprété par quelques excellents musiciens, dont le meilleur flûtiste à bec de notre époque, Maurice Steger. Ce dernier donnait un concert jeudi 9 janvier avec son ensemble instrumental La Ciaccona, quatuor comptant aussi une violoniste baroque, un violoncelliste et un claveciniste, au château d’Yverdon. Ceux qui connaissent cet interprète ont apprécié l’équilibre du programme; chaque musicien a droit à son trait de virtuosité ou à une pièce qui lui est dédiée. Pour ce concert, Vivaldi, Merula, Veracini, Caldara, Corelli et Händel étaient à l’affiche. La Ciaccona a fait passer le public vaudois par tous ses états d’émotions, pour finir la soirée en feu d’artifice avec une Follia de Vivaldi pleine de rebondissements et d’intensité, incroyablement vivante et joyeuse. Les modernes pourraient préjuger que cette musique n’est que spectacle plaisant et poudre aux yeux. Pourtant, Maurice Steger, dans toutes ses interprétations, a captivé ses auditeurs non seulement par sa virtuosité (imaginez un Paganini de la flûte à bec), mais aussi par une grande profondeur musicale. Nous recommandons aux lecteurs de la Nation de ne pas manquer cet artiste hors du commun la prochaine fois qu’il sera de passage dans la région.

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