Quand le combat politique va bien au-delà la politique
L’article de M. Alain Charpilloz intitulé «Notre dette» dans Le Jura Libre du 16 janvier nous a paru particulièrement digne d’intérêt. L’auteur fait en quelque sorte le bilan de plus de soixante ans de lutte pour l’indépendance, puis pour la restauration de l’unité de la patrie jurassienne:
[…] 1947 a été le détonateur d’une sorte de résurrection – le terme n’est pas abusif – que le Rassemblement jurassien, père du MAJ actuel, a incarnée. Fait capital: à côté de l’action politique, le mouvement propulsa notre affirmation culturelle. Avant de libérer des territoires, il libéra les esprits et, sur ce plan-là, il nous a donné ce dont rêvaient les Jurassiens d’avant 1947: une réhabilitation du Jura. […] Ce fut, au cours de ces soixante dernières années, une incroyable redécouverte de notre histoire, de notre nature, de notre langue, de nos richesses architecturales, humaines, techniques, artistiques et même culinaires! Elle a fait naître, au plus profond de nous-mêmes, une passion pour la terre que le destin nous a léguée. […] Grâce au RJ-MAJ, des paysans et des ouvriers se sont trouvés coude à coude avec des patrons et des intellectuels du plus haut niveau. Des citoyens aux vues les plus opposées sur d’autres sujets ont mis leurs divergences en veilleuse quand il s’agissait du Jura. […] Au fond de chacun, indépendamment des espoirs qu’il pouvait nourrir au sujet du nouveau canton, on trouvait un sentiment profond qui s’appelle l’amour […] Sans la lutte jurassienne, nous aurions sans doute aimé aussi les sapins des Franches-Montagnes, le pont de Saint-Ursanne ou les coteaux de La Neuveville, comme on admire le glacier d’Aletsch, Morat ou le château de Chillon. Mais grâce au combat politique, nous avions aimé notre pays autrement, comme composante de notre être. Ce n’était pas «à nous», c’était «nous». […]
Même si nous, Vaudois, n’avons pas connu comme les Jurassiens les luttes ardentes pour l’indépendance, ces affirmations trouvent en nous une résonance toute particulière. Ceux qui travaillent avec nous au mouvement de la renaissance vaudoise pourraient prendre à leur compte les propos du Jurassien.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Un dur combat… pour rien? – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Le marbre et la poussière – Antoine Rochat
- Fougue baroque – Jean-François Pasche
- Le sublime conduit au désastre – La page littéraire, Pierre-François Vulliemin
- Proust et la vraie vie – Jacques Perrin
- Un fonds ferroviaire payé par les automobilistes mais utile aux cantons romands – Pierre-Gabriel Bieri
- Pas à moins de trois heures de pirogue – Jean-Blaise Rochat
- Qui a écrit cela? – Rédaction
- La Suisse favorise la délinquance – Jean-François Cavin
- Aux «justes» de l’antiracisme – Revue de presse, Ernest Jomini
- Urbanisme lausannois – Revue de presse, Philippe Ramelet
- Tortues en colère – Le Coin du Ronchon