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† Henri Mamin

Daniel Laufer
La Nation n° 2166 15 janvier 2021

Une force. C’est le premier mot qui vient sous ma plume au moment d’évoquer un personnage qui fut un Vaudois exemplaire. Décédé le 5 janvier 2021, à l’âge de 82 ans, Henri Mamin, suivant l’exemple de son père, fut d’abord un paysan qui sut dominer sur le terrain l’évolution d’une agriculture passée de l’ère dépourvue de tout moteur, celle donc qui n’avait presque pas changé depuis des siècles, à la mécanisation générale, à commencer par la traite! On a peine à imaginer ce qu’était la vie d’un petit paysan à l’époque de sa jeunesse. Mais la comparaison nous trompe: Henri et tout son monde familial n’avaient aucunement le sentiment de souffrir de la dureté des temps; elle était normale. Il était normal que les enfants Mamin dussent partager une unique paire de skis (fabriqués par l’oncle Pierre à partir de planches de sapin): chacun son tour!

Un sens de l’entreprise indépendante, une intelligence supérieure et toujours souriante, une conception innée du bien commun du Pays, l’ont tôt fait entrer dans les conseils de l’organisation professionnelle. Refusant, comme son père, toute étiquette partisane, Henri Mamin a non seulement accédé à maints postes de grandes responsabilités, il les a occupés avec une fermeté, une modestie naturelle et une autorité qui forcent l’admiration. Je pense particulièrement à la présidence de Prométerre, l’organisation de faîte de l’agriculture vaudoise. Donnons ici la parole à Edmond Chollet dans l’hommage qu’il rend au patron au moment de son départ:

« D’un grand capitaine, Henri Mamin a toutes les caractéristiques. La hauteur de vue qui assure une bonne appréciation de la situation. L’intelligence, la vivacité d’esprit, la capacité de synthèse qui mènent à une prise de décision adéquate… Un homme vrai. Toute son expression corporelle en témoigne. Un port sans raideur, un regard pétillant, direct, qu’un optimisme constant illumine. Et puis il y a ses mains, impressionnantes de puissance… C’est aussi un homme libre… »

Ses concitoyens pourront en dire autant, l’ayant régulièrement élu, puis réélu, de 1990 à 2006 syndic de Blonay, une commune qui a dû affronter les problèmes majeurs de son extension: 1000 habitants en 1938, plus de 7000 aujourd’hui.

C’était aussi un homme d’une fidélité exemplaire. Dans les souvenirs qu’il a laissés, il fait part en termes simples et directs du rôle qu’a joué «Maître Marcel Regamey… un avocat qui marqua de son empreinte très forte la vie, les activités politiques, culturelles et spirituelles du Canton de Vaud dès la fin de la Première Guerre mondiale à nos jours». Et il résume en quelques lignes les idées force de la Ligue vaudoise: l’indépendance politique, la priorité donnée au bien commun du Canton, le fédéralisme intégral.

Mais Henri Mamin fut aussi, on le sait moins, un grand skieur, un alpiniste intrépide, un voyageur quelque peu aventurier, et finalement, assez tardivement il est vrai, un être sensible à la grande musique… au point qu’il fut pendant des années président du Chœur Symphonique de Vevey.

S’il a pu ainsi déployer toute sa vie une telle énergie, c’est aussi parce qu’il a pu compter sur l’appui constant, tendre et puissant, de son épouse. A elle, comme à ses enfants, en particulier Mme Geneviève Jaquet, notre filleule, vont nos condoléances vives et respectueuses, les assurant que nous perpétuerons la mémoire de notre ami.

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