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† Pierre Rochat: un grand serviteur (1928-2022)

Daniel Laufer
La Nation n° 2215 2 décembre 2022

Monsieur Rochat a toujours raison, disait Me Regamey, au terme d’une longue et vive discussion lors de laquelle Pierre Rochat, seul de son avis, l’emportait, avec cette tranquillité souriante qui a imprégné si heureusement pendant plus de septante ans ses liens avec la Ligue vaudoise. Il avait à peine vingt-cinq ans quand il écrivit d’une plume déjà mûre les Principes de notre mouvement, dans les Cahiers de la Renaissance vaudoise (N° XXXIV-XXXV avril 1953)!

Nous pleurons un homme dont l’autorité, la grande sagesse, mais aussi l’absence absolue de la moindre vanité, ont été exemplaires dans notre pays, c’est-à-dire, pour dire vrai, qu’il montrait l’exemple de ce qu’il convenait de faire, de dire, de penser. On le disait peu bavard, presque trop discret, mais c’est précisément cette prudence, souvent silencieuse, qui ajoutait du poids à ses interventions. Il est d’ailleurs remarquable que sa bienveillance et son autorité naturelle l’ont conduit à accepter de rendre service, et même les plus grands services, chaque fois que telle institution faisait appel à lui… et qu’il l’en estimait digne de son appui. Qu’on en juge: après son doctorat, pratique du notariat de longues années durant et avec une grande compétence (aux côtés de son associé, notre tant regretté ami Jacques Zumstein), membre de la Chambre des notaires vaudois, municipal à Cheseaux-sur-Lausanne, collaborateur régulier de La Nation, membre puis président du Conseil d’administration du Fonds d’investissements agricoles, puis du Fonds d’investissement rural, membre de la Commission cantonale de recours en matière foncière, assesseur des tribunaux d’expropriation, membre de l’Association du Centre Patronal, président du Conseil de fondation et du Comité de direction du Conservatoire de Lausanne (au moment même de la mue délicate de cette institution), membre et président de conseils d’administration de fondations, en particulier de la Fondation Marcel Regamey, et d’institutions ecclésiastiques de l’Eglise protestante. Son dévouement à la chose publique ne l’a pas empêché de servir aussi son pays dans une carrière militaire d’envergure: colonel EMG de milice, puis chef d’état-major de la Brigade de forteresse 10, commandant du Régiment d’infanterie 41, enfin juge au tribunal militaire de division 10.

Comment cet homme qu’on pourrait imaginer volontiers entièrement absorbé par son métier même, a-t-il eu encore l’énergie et le temps de faire œuvre d’historien et d’écrivain, rédigeant d’une plume alerte La garnison de Saint-Maurice – Un demi-siècle d’histoire militaire (Cabédita)? M. le brigadier Philippe Pot en dira tous les mérites: «Il s’agit en effet d’un véritable panorama de l’histoire de la fortification en Suisse avec, en toile de fond, le développement de l’armée fédérale depuis la Constitution adoptée en 1874… Si de nombreux ouvrages ont traité l’un ou l’autre aspect de l’histoire de la fortification, c’est bien la première fois qu’ils sont réunis en une véritable synthèse richement documentée avec toutes les références nécessaires.»

Ses multiples activités, ses multiples services n’empêchaient pas notre ami de s’enthousiasmer pour la grande musique et la grande peinture, celle de la Renaissance italienne en particulier, soucieux de faire partager sa passion par ses enfants, les entraînant de musée en église de la belle Italie. Et puis il y a encore son beau chalet de Rougemont devenu en quelque sorte le port familial. Il a pu y accueillir avec sa bonté naturelle ses enfants, ses petits-enfants et même ses arrière-petits-enfants.

Nous rendons hommage à cet homme, Pierre Rochat, qui, toujours avec lucidité mais aussi avec une énergie toujours désintéressée, s’est dévoué au bien commun du pays, et nous perpétuerons sa mémoire.

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