Deux drapeaux en un

MM. Laurent Ballif, ancien syndic de Vevey, et Laurent Wehrli, ancien syndic de Montreux et actuel président de la commission des affaires extérieures du Conseil national, ont réagi à notre texte paru dans La Nation du 27 juin dernier. Nous y dénoncions la présence d’un drapeau d’azur à douze étoiles d’or rangées en annel sur l’un des mâts de la place de la Gare de Vevey.

Ils nous reprochent de ne pas savoir que ledit drapeau n’est pas seulement celui de l’Union européenne, mais surtout celui du Conseil de l’Europe, dont la Suisse est membre depuis le 6 mai 1963. Que Vevey se revendique de cette bannière serait une manière d’afficher sa fierté des engagements internationaux de la Suisse: de l’appartenance à la CEDH au fait que les Cantons et les communes forment une délégation au congrès des pouvoirs locaux et régionaux d’Europe (les fameux panneaux «commune d’Europe»). Ces colonnes ont souvent critiqué sur le fond la CEDH, et les assemblées européennes nous paraissent plutôt nébuleuses. Mais nous accueillerons volontiers M. Wehrli à l’un de nos entretiens du mercredi pour nous détromper.

Le site internet du Conseil de l’Europe termine pourtant sa présentation de ce qu’il appelle «le drapeau européen» en rappelant que le drapeau européen s'est, depuis sa reprise par l’UE en 1986, imposé comme le symbole d'un projet politique commun, qui unit tous les Européens au-delà de leurs diversités.

La Ville de Vevey peut tenir à la distinction formelle. Il se trouve que cette bannière permet de se réclamer à bon compte d’un imprécis magma europhile et internationaliste. Ce drapeau nous renvoie bien, symboliquement, à la case départ et à ce que nous dénoncions: la mise en avant par la Commune de Vevey de ce qui a fini par devenir «un projet politique commun» à l’échelle du continent.