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Arnaque financière, arnaque politique

Jean-François Cavin
La Nation n° 1961 22 février 2013

L’affaire des primes d’assurance-maladie surfaites qui ont lésé principalement les assurés genevois et vaudois a fait couler beaucoup d’encre et de salive, et ce n’est pas fini. Un de ses aspects n’a pourtant guère été évoqué: pourquoi les victimes de ce mic-mac des caisses se sont-ils laissé faire pendant des années? Comment a-t-on pu croire que les coûts de la maladie étaient réellement beaucoup plus élevés à ce bout de la Suisse qu’ailleurs? Reportons-nous aux discours tenus à l’époque.

On a dit que les Welsches étaient des mauviettes, enclines à la bobologie, alors que les Suisses-allemands, c’est connu, sont des durs; mais, sachant le poids des cas graves, de l’âge et de l’hospitalisation dans les dépenses globales, cela suffisait-il à expliquer une si forte différence? On a dit que nos Confédérés recouraient davantage aux médecines naturelles; mais si c’est vrai pour quelques Appenzellois broutant des herbes mystérieuses, comment le croire pour la multitude des citadins? Des économistes ont alors élaboré une théorie, à laquelle maint politique a hélas souscrit, selon laquelle le marché de la santé est atypique: la demande étant infinie, tant les hommes tiennent à leur bien-être et craignent la mort, c’est l’offre qui le gouverne. En d’autres termes, plus il y a de médecins, plus il y a de malades. Cette explication n’était pas très flatteuse pour nos esculapes, traités au fond comme autant de knocks. Mais la densité médicale étant en effet plus forte à Genève et à Lausanne qu’à Zurich ou ailleurs outre-Sarine, cette thèse a fini par s’imposer, tout en frayant la voie au rationnement médical.

Maintenant que le pot aux roses est découvert, ce raisonnement, reçu naguère d’autant plus volontiers qu’il alimentait certaines pulsions dirigistes, s’effondre dans un grand patatras. Mais les commentateurs n’en parlent guère, ni les politiques: serait-ce pour ne pas démentir ce qu’ils ont affirmé précédemment? Quant aux directeurs des caisses de l’époque, qui mériteraient le pilori, on se réjouirait que la presse d’investigation recueille leurs souvenirs.

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