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Qui est «le plus grand des Vaudois»?

Denis Ramelet
La Nation n° 1944 29 juin 2012

M. Delacrétaz montre dans son éditorial que la sixième place (sur deux cent cinquante candidats!) obtenue par Marcel Regamey au concours lancé par 24 heures n’est pas volée. Il aurait même mérité une place en finale. Mais qui est donc le plus grand des Vaudois «dans l’absolu» (si ce mot existe dans le lexique des Vaudois)?

Avant de répondre à cette question, disons quelques mots des quatre finalistes désignés par les participants au concours. Soyons francs: le seul à mériter indiscutablement sa place en finale est le général Guisan, que les téléspectateurs romands ont élu «Romand du siècle» il y a quelques mois. Quant à M. Rossellat, il est certes connu et sympathique, mais le titre de fondateur du «Paléo Festival» ne nous paraît pas suffisant pour prétendre à celui de «plus grand des Vaudois». Pour ce qui est de Mme Girard-Montet, nous avouons humblement avoir appris l’existence de cette «grande figure du féminisme suisse» à l’occasion de ce concours. Son arrivée à la deuxième place, devant le Général et M. Rossellat, témoigne surtout de la forte capacité de mobilisation du lobby féministe…

Reste le cas Delamuraz. Bien que plébiscité par les participants au concours, mérite-t-il objectivement sa place en finale? Nous hésitons à l’affirmer, à cause tant de sa politique centralisatrice et euromaniaque que de sa difficulté à s’affirmer politiquement comme Vaudois: Lausannois (et même Oscherin), Romand, Suisse, Européen, tout… sauf Vaudois. Malgré cela – ou peut-être ceci est-il la cause paradoxale de cela –, il incarna dans sa personne le Vaudois terrien, et surtout ce «pouvoir personnel, amical et vigoureux»1 auquel aspirent les Vaudois. Pour ceci, oui, Jean-Pascal Delamuraz mérite sa place en finale. Cependant, il n’est pas «le plus grand des Vaudois».

Qui donc peut prétendre au titre? Il ne peut s’agir que d’un politique. En effet, sans Pays de Vaud, pas d’artistes vaudois, pas de savants vaudois, pas de sportifs vaudois. Parmi les personnalités en lice dans la catégorie «politique», deux peuvent prétendre au titre de «plus grand des Vaudois»: les «pères de la Patrie» Henri Monod et Frédéric-César de La Harpe. Il y a quelques semaines, M. Cavin a exprimé dans ces colonnes son admiration pour le premier, «fin et mesuré»2. Nous préférons quant à nous le second, pour son rôle décisif dans la libération de notre Pays.

Par bonheur, nous pouvons nous dispenser de trancher entre ces deux amis, car il y a au-dessus d’eux un Vaudois plus grand encore, qui se trouvait hors concours pour la simple raison qu’il a vécu avant 1762, année de fondation de la Feuille d’avis de Lausanne, ancêtre de 24 heures. Certains lecteurs penseront bien entendu au Major Davel, grand Vaudois s’il en fût, martyrisé par les Bernois en 1723, héraut de l’indépendance vaudoise avec trois quarts de siècle d’avance.

Mais le titre de «plus grand des Vaudois» ne saurait être décerné qu’à Pierre II de Savoie, qui constitua le Pays de Vaud comme entité politique entre 1240 et 1260, soit près d’un demi-siècle avant le pacte entre Uri, Schwytz et Unterwald. Sans Pierre de Savoie, pas de Pays de Vaud, sans Pays de Vaud, pas de Davel, pas de La Harpe ni de Monod, pas de Ramuz ni de Général, pas de Regamey ni de Delamuraz. Eternelle reconnaissance à Pierre II de Savoie, créateur du Pays de Vaud et père de tous les Vaudois!

 

Notes

1 Olivier Delacrétaz, «Vaudois, trop vaudois» (hommage nécrologique à J.-P. Delamuraz), La Nation n° 1587 du 23 octobre 1998.

2 La Nation n° 1940 du 4 mai 2012.

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