Suisse ou Belgique?

Le Temps a consacré une large part de son édition du 23 juin à «Nos amis alémaniques». Pierre Veya, rédacteur en chef, s’y fend d’un éditorial en forme d’inventaire de l’état actuel des relations entre les régions linguistiques francophone et alémanique.

Après l’inévitable rappel de 1992, année «noire», où les Alémaniques imposèrent un non à l’Espace économique européen à une minorité romande qui imaginait déjà franchi le premier pas vers l’adhésion, l’auteur nous apprend que Romands et Alémaniques [vivent dans] l’harmonie fédérale, que la Suisse occidentale doit apprendre à collaborer pour affirmer son excellence culturelle et scientifique, que l’Etat fédéral est convaincu des vertus de la subsidiarité quand celle-ci est plus efficace. Plus loin, le repli identitaire et le souverainisme farouche des Alémaniques est mis en face des Romands [qui] ont la lucidité réaliste.

Sur cent vingt lignes, on chercherait en vain les mots cantons ou fédéralisme.

Ce parti pris de présenter la Confédération comme la juxtaposition de deux blocs linguistiques – le Tessin étant en outre superbement ignoré – est fallacieux et dangereux. La Suisse n’est pas la Belgique. Espérons que l’éditorialiste ne le regrette pas.