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La revanche des opprimés

Jacques Perrin
La Nation n° 1954 16 novembre 2012

S’il existe au monde un groupe de pression efficace, c’est bien le lobby LGBTIQ (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, transsexuels, intersexes, queers, en attendant d’autres combinaisons qui ne sauraient tarder à voir le jour…).

Alors que la «crise», nous dit-on, s’approfondit et que les conflits éclatent un peu partout, il semble qu’aucun problème ne soit plus digne d’une résolution immédiate que celui des «minorités sexuelles». Chaque jour, dans tous les médias, se fait entendre la petite musique du «droit» des minoritaires, non plus seulement à la «différence», mais aussi à la «ressemblance». Ils ont besoin d’un traitement particulier pour devenir comme tout le monde. Nous leur laissons le soin de réfléchir à ce paradoxe.

Ce qui est sûr, c’est que la décence d’un pays ou d’une ville se mesure désormais à son degré de bienveillance envers les organisateurs de la «gay pride» locale.

Le Temps du vendredi 26 octobre nous informe que le député vert vaudois Martial de Montmollin, ingénieur forestier et «militant aguerri de la cause gay», vient d’interpeller le Conseil d’Etat. Il s’inquiète du sort réservé par l’administration vaudoise aux transsexuels. Faut-il les appeler «Madame» ou «Monsieur»? Alicia Parel, coprésidente de Transgender Network Switzerland (septante membres) et secrétaire de Pink Cross, nous apprend qu’une personne sur deux cent cinquante «vit une situation de genre fluide, ne se sentant ni pleinement homme ni pleinement femme». Il n’existe aucune statistique officielle, mais Mme Parel et ses congénères adorent avancer des chiffres impressionnants.

Bref, «les transsexuels demandent un effort à l’Etat»: c’est le titre de l’article.

M. de Montmollin déclare: «L’administration est désemparée. Les trans vivent quelque chose de difficile, à la marge de la soi-disant normalité. La nature humaine est plus diverse que les cases où on veut mettre les gens.»

Ces trois petites phrases sont riches de sens. Nous nous contenterons de deux remarques.

M. de Montmollin croit qu’il existe une nature humaine. ce n’est pas courant dans le milieu LGBTIQ où l’on utilise le mot «nature» avec des guillemets pour bien montrer qu’on n’est pas dupe: «Notre comportement serait contre-nature? Vous ne nous la faites pas avec ce reproche antédiluvien! Votre “nature” n’est que le masque de l’idéologie paternaliste.» Les LGBTIQ ne concèdent que du bout des lèvres l’existence de deux sexes biologiques. Pour eux, la «nature» est une prison, ce à quoi l’individu doit pouvoir se soustraire. La «nature» est censée lui assigner des fonctions qu’il refuse d’assumer. Le «naturel», c’est l’essentiel, le permanent, l’immuable, ce que l’individu moderne ne peut modifier selon son bon vouloir et que de ce fait il abhorre. Les LGBTIQ n’aiment pas ce qui ressemble à une identité bien dessinée. Ils se sentent contraints par la «nature». Aussi l’opposent-ils sans cesse à la culture. La culture, royaume de la liberté, a été voulue et façonnée par l’homme. Ce que ce dernier a fait, il peut le défaire. La «nature», règne de la nécessité, détermine des états de fait auxquels on ne peut toucher. Il importe donc que l’empire de la culture s’accroisse au détriment de la «nature». Celle-ci est un reliquat. Lorsque l’homme atteindra la toute-puissance, la «nature» n’existera plus.

M. de Montmollin parle aussi d’une «soi-disant normalité». Renverser la hiérarchie du normal et de l’anormal est la tentation à laquelle les LGBTIQ cèdent volontiers. Un esprit revanchard affleure parfois dans leurs propos. Il s’agit de faire payer des siècles d’oppression à ceux qui se croyaient «normaux» (en particulier les hétérosexuels) et qui n’opéraient en fait qu’un «choix» parmi d’autres. La communauté «hétéro» s’est plu à persécuter les minoritaires, mais son temps est passé.

Le milieu LGBTIQ revendique l’égalité, mais on sent pointer derrière cette exigence la volonté de dominer et de punir. Les LGBTIQ commencent par se poser en victimes; ils réclament des droits, puis des réparations; ils interpellent, ils somment les administrations de modifier leur langage; ils envoient une «madame antihomophobie» dans les écoles qui explique aux enfants qu’il ne faut pas traiter un copain de sale p….

Ensuite, ils traînent les différentes espèces de –phobes devant les tribunaux. Ils font condamner les auteurs de violences homophobes (ce qui se comprend). Pour couronner cette entreprise de mise au pas, ils traquent ceux qui pensent que, d’un point de vue social et politique, les mœurs hétérosexuelles sont plus recommandables que d’autres, que la différence et l’égalité s’excluent, qu’il est contradictoire de distribuer à chacun un droit égal à l’inégalité. Ils parviennent même à les faire condamner, cela s’est vu en France.

M. de Montmollin, que nous ne connaissons pas, est peut-être une personne raisonnable, mais l’expérience nous enseigne que nous avons toutes les raisons de craindre un emballement des revendications punitives une fois que son interpellation aura reçu une réponse positive.

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