Le Jugement dernier en procès
On s’apprête à fêter Noël. Si la première venue du Christ dans le monde s’est faite dans le dénuement, presque en catimini, sa seconde venue, à la fin des temps, se fera dans la gloire. Et la tradition apostolique en précise la raison: pour juger les vivants et les morts.
Au cours des siècles, le Jugement dernier a été perçu de façons fort différentes: combien de pasteurs, de curés et d’évangélistes ont cru bon de maintenir leurs ouailles dans le droit chemin en brandissant les menaces du Jugement dernier? A l’autre extrémité de l’éventail théologique, des âmes sensibles ne peuvent imaginer que le Christ, qui est l’amour même, puisse exclure quiconque de la félicité éternelle.
Que l’on imagine l’enfer plein à craquer ou totalement désert, on commet la même erreur: on empiète sur les prérogatives du Christ qui seul a la pleine liberté du jugement.
Dans son ouvrage sur Le Jugement dernier mis en procès1, André Herren apparaît nettement parmi ceux qui ont de la peine à imaginer que quelqu’un puisse être exclu du Royaume. Pour étayer sa mise en cause du Jugement dernier, l’auteur s’appuie sur de nombreuses références littéraires, théologiques, psychologiques et surtout artistiques. C’est là l’originalité de sa démarche.
Il a une prédilection particulière pour le peintre Jérôme Bosch dont la représentation du Jugement dernier correspond à sa propre vision. Mais il analyse aussi beaucoup d’œuvres de peintres ou sculpteurs dont il donne une description détaillée et une interprétation symbolique extrêmement intéressante.
Il aime situer la création d’une œuvre dans le climat qui l’a vu naître. Avec lui, on se pose des questions: quelle était l’intention du maître d’œuvre? L’artiste s’y est-il conformé servilement ou a-t-il réussi à exprimer sa propre conviction? L’ouvrage compte plus de cinquante pages d’illustrations en couleurs, représentant des tympans sculptés, des retables ou des peintures murales dont de nombreux détails sont agrandis pour mieux illustrer le propos de l’auteur.
Voici un livre qui donne à réfléchir et qui suscite chez le lecteur une furieuse envie de revisiter des œuvres qu’il croyait connaître et qui ont encore tant à lui dire.
NOTES:
1 Editions Ouverture, Le Mont-sur-Lausanne.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Le présent permanent de Pascal Auberson – Editorial, Olivier Delacrétaz
- En Syrie – Jean-Michel Henny
- Le Requiem de Ropartz, un chef-d'œuvre méconnu – Frédéric Monnier
- Des pasteurs et des diacres – Olivier Klunge
- A nos lecteurs – Rédaction
- Juvenilia CIX – Jean-Blaise Rochat
- La réalité cantonale précède la Constitution fédérale – Félicien Monnier
- Bonne question! – Revue de presse, Ernest Jomini
- Le ministre et la députée – Revue de presse, Philippe Ramelet
- Pollueur-payeur? – Mon œil! – Revue de presse, Philippe Ramelet
- La formule magique polycentralisatrice – Le Coin du Ronchon