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Juvenilia CIX

Jean-Blaise Rochat
La Nation n° 1955 30 novembre 2012

Cinq garçons s’avancent vers moi, avec leurs mines de conspirateurs goguenards:

 – Monsieur, on peut vous faire un truc?

– Vous n’y songez pas. Faites vos «trucs» entre vous et fichez-moi la paix.

– Allez! Dites oui: ce n’est pas bien méchant et vous allez rigoler, on vous promet.

Comme ce sont des adolescents de bonne éducation et que, ma foi, leur impatience hilare m’amuse, je cède à leur sollicitation, avec la vague impression de m’être fait rouler quand ils précisent que le jeu exige le tutoiement.

Sans attendre, un lascar me secoue la joue:

– Alors, ça joue?

Eclats de rire. Je suis à peine remis de ma surprise, qu’un autre me saisit le col:

– Tu tiens le coup?

Ils s’esclaffent de plus belle. Mais voici qu’on me pince le sein:

– Ça t’étonne?

Pliés de rire, mes farceurs disent qu’à regret ils ne peuvent continuer la plaisanterie. Explication:

– Vous comprenez, le dernier gag, c’est: «T’as les boules?»… Notez qu’avec les filles, on doit s’arrêter déjà au deuxième!

Il y a quelques décennies, jamais des potaches n’auraient songé à mêler un enseignant à de semblables galéjades. Les relations des jeunes avec les adultes ont changé, et on aurait tort de voir dans cette anecdote une marque d’irrespect. Ils ont simplement voulu partager un moment de franche gaieté avec leur prof. A peine l’affaire achevée, ils reprenaient leur distance, leurs bonnes manières, leur politesse naturelle.

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