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Le Jaune vert complètement gris qui n’aime pas les Noirs

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2094 13 avril 2018

Il y a une semaine, quasiment personne ne connaissait le nom de M. Jean-Vincent Placé. Cet homme politique français de cinquante ans, originaire de Corée du Sud, avait réussi à se faire élire dans les rangs écologistes et à devenir sénateur, puis secrétaire d’Etat; il avait aussi été nommé chevalier de l’ordre national du Mérite, et avait même rejoint la franc-maçonnerie au sein du Grand Orient de France. Mais il restait malgré cela un petit Oriental de France, et surtout un illustre inconnu. Quand on le voyait à la télévision, on pensait que c’était Jackie Chan.

En quelques heures, pourtant, il est devenu une célébrité internationale. On ne peut plus voir une photo de Jackie Chan sans penser à Jean-Vincent Placé.

La recette de ce succès? En état d’ébriété avancé, il a molesté et insulté des jeunes femmes dans un bar parisien, puis insulté un agent de sécurité, avant de s’en prendre aux policiers venus l’arrêter. «Placé en garde à vue»: le jeu de mots facile a fait le tour des réseaux sociaux – en alternance avec «un Sud-Coréen complètement seoul»…

Ce que les médias ont retenu de cette affaire (et c’est la raison pour laquelle ils ont donné un tel écho à un incident qui, sinon, aurait fini dans la rubrique des chiens écrasés), ce sont les propos racistes reprochés à M. Placé. Il aurait en effet dit au videur du bar: «Ici on n’est pas au Maghreb, tu sais pas qui je suis, je vais te renvoyer en Afrique» ou: «Je vais t’envoyer à Ougadougou dès le premier vol.»

M. Placé, pendant son transfert au poste de police, aurait contesté cette version, en affirmant qu’il avait été «agressé par un homme d’extrême-droite». Dès le lendemain, ses amis du journal Libération sont aussi venus à son secours en affirmant que personne n’avait entendu d’insultes racistes – contrairement à ce que prétendait le videur. A notre connaissance, c’est la première fois que des journalistes mettent en doute la parole d’un immigré qui se plaint d’injures racistes. En revanche, le magazine en ligne Oumma.com, «site d’information portant un regard musulman sur l’actualité», n’hésite pas à prendre la défense du videur: «C’est bien connu, l’alcool libère les inhibitions et, dans le cas particulier de Jean-Vincent Placé, il a totalement désinhibé un racisme anti-arabes latent.»

La situation est paradoxale. Il y a quelques années, M. Placé s’était amèrement plaint du «racisme» de l’humoriste Nicolas Canteloup, parce que ce dernier l’avait imité avec un «accent asiatique caricatural». M. Placé avait déclaré: «Dans un contexte de déchaînement raciste, antisémite, xénophobe, cela ne me fait pas rire.» D’une manière générale, M. Placé était décrit jusqu’ici comme «intransigeant avec les propos racistes qu’il souhaitait voir systématiquement sanctionnés».

On dit que l’alcool révèle ce que nous sommes ou ce que nous avons au plus profond de nous. Se pourrait-il que M. Placé ait été un cryptoraciste? Un raciste qui s’ignorait jusqu’au jour où l’alcool lui a permis de faire son coming out? Ou est-ce l’alcool qui rend raciste? A force d’insister sur les origines contrôlées, sur la ségrégation des blancs, des rouges et des rosés, ça finit par laisser des traces. D’ailleurs, une petite recherche sur internet avec les mots «alcool» et «racisme» nous apprend que «l’alcool nous rend sexistes, homophobes et racistes, selon la science.» Faut-il croire la science, alors que M. Jean-Claude Juncker ne s’est encore jamais montré ni sexiste, ni homophobe, ni raciste?

Pour notre part, nous croyons utile de signaler ici un détail que les médias ont jusqu’à présent négligé. On peut bien reprocher à M. Jean-Vincent Placé d’être sud-coréen, français, écologiste, alcoolique, raciste et mal éduqué; mais s’il a réellement dit à un videur arabe qu’il allait le renvoyer à Ouagadougou, il doit aussi être sérieusement nul en géographie.

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