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L'Etat désagréable

Jean-François Cavin
La Nation n° 2169 26 février 2021

L'Etat ordonne la destruction d'une dizaine de chalets situés près du port et de la plage d'Yvonand, pour rendre les terrains à l'aire forestière ou à la réserve naturelle. Cette injonction fâche les propriétaires et la commune. Comme ces constructions, datant pour la plupart du milieu du siècle passé, sont édifiées sur des terrains appartenant à l'Etat et sont l'objet de droits de superficie arrivés à échéance entre 1989 et 2004, que des baux temporaires ont prolongés, il est difficile de s'indigner sur le fond de l'affaire. Encore que… Nous ne connaissons pas les détails du dossier, mais nous connaissons les lieux: sillonnés de chemins carrossables, fréquentés par les navigateurs, les baigneurs et les promeneurs, ils sont loin d'être un espace sauvage ou une forêt primitive!

Ce qui choque particulièrement, c'est la manière. Selon 24 heures, la Direction générale de l'environnement a donné ses ordres par un courrier de fin d'année 2020, exigeant la libération et la remise en état des lieux d'ici au 1er avril 2021 – et ce n'est pas un poisson, bien qu'une des cabanes appartienne à un pêcheur. Délai pratiquement impossible à tenir.

Parlant de l'Etat, les Vaudois disent: «le Château». L'expression marque une distance vis-à-vis du pouvoir qui peut être de bon ton, mais aussi une sorte de crainte atavique. Et ce rapport parfois difficile avec la bureaucratie cantonale n'est pas une survivance: il y a quelques années, des enquêtes successives de la Chambre de commerce indiquaient que l'administration vaudoise était la moins appréciée de celles des cantons romands. Ce n'est certes pas le cas de tous les services, mais nous en avons fait l'expérience assez fâcheuse pour plusieurs d'entre eux.

Que le pouvoir inspire le respect, c'est bien. Mais le respect ne se nourrit pas de l'asservissement à un autoritarisme mécanique, ou du sentiment de fatale infériorité du citoyen-administré face à des bureaux tout-puissants. On aimerait que l'Etat sache agir avec mesure et aménité, pour que notre Canton soit un pays où il fait bon vivre.

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