Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Les sanctions ne sont pas neutres

Olivier Klunge
La Nation n° 2197 25 mars 2022

Lundi 28 février 2022, le Conseil fédéral a décidé que la Suisse s’associerait aux sanctions prises par l’Union européenne (UE) contre la Biélorussie et la Russie, à la suite de l’invasion de l’Ukraine. Le 4 mars, il a repris de nouvelles sanctions financières décidées par les Européens. La position officielle helvétique, soutenue par une large part de la classe politique, est que ces mesures n’affectent pas la neutralité suisse. La Ligue vaudoise affirme, au contraire, que la politique de neutralité interdit de prendre position et d’entraver concrètement la liberté de manœuvre d’un Etat étranger. Il y a une continuité de la prise de sanctions économiques à la guerre interétatique.1

Depuis lors, la Russie a placé la Confédération sur une liste des pays hostiles, qui ne compte qu’une vingtaine de pays à côté de ceux de l’UE (sur 193 membres de l’ONU). Le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov a renoncé à se rendre à Genève.

En revanche, des pourparlers, jusqu’ici infructueux, se sont tenus entre belligérants à Antalya en Turquie. Cet Etat membre de l’OTAN, mais qui n’a pas pris de sanctions à la suite de l’UE, apparaît donc comme un hôte plus acceptable par la Russie pour des négociations que notre pays.

La neutralité est une politique et pas une idéologie. Son but est la préservation de l’intégrité et de l’unité de la Confédération, les bons offices n’en sont qu’un bénéfice additionnel. Nous nous garderons donc de juger de manière définitive et absolue la décision du gouvernement fédéral, ne connaissant pas les pressions qu’il a subies de la part de nos voisins, ni les efforts diplomatiques peut-être menés en coulisses. Il n’en reste pas moins que la reprise des sanctions de cette Union qui s’affiche comme une alliée de l’Ukraine, lui livrant armes et munitions, est une transgression du principe de neutralité que cela affaiblira durablement.

Cette prise de position gouvernementale est le choix de la facilité face à une opinion occidentale unanime; le message difficilement audible d’un refus de prendre parti sans cautionner une violation du droit international eût été un acte de courage.

Notes:

1  Editorial de F. Monnier, La Nation No 2195 du 25 février.

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: