Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Autosatisfaction gouvernementale

Jean-François Cavin
La Nation n° 2201 20 mai 2022

Chaque année, le Conseil d’Etat présente un rapport de gestion. En fin de législature, il complète cet exercice par un bilan du quinquennat, où se trouvent rappelés les points principaux de l’activité étatique. Le document paru ce printemps, qui récapitule les événements depuis 2017, se plaît à relever l’importance du travail accompli, la valeur des options générales du gouvernement, le soin porté à traiter des problèmes actuels – du «plan climat» aux mesures prises contre le harcèlement en passant par la pandémie –, les orientations fécondes prises pour l’avenir.

Il est vrai que le Canton se porte bien dans l’ensemble, du moins matériellement. L’économie est vigoureuse, les offres de services collectifs sont variées et nombreuses, les finances resplendissantes. Cette belle santé tient à la capacité d’adaptation et d’innovation des entrepreneurs, s’appuyant en partie sur l’apport des hautes écoles, à l’attrait naturel du pays et à son bon positionnement, à la productivité de l’impôt perçu auprès d’endurants contribuables, davantage qu’à l’action gouvernementale. On ne va toutefois pas sous-estimer l’intérêt de nombreuses réalisations dans divers domaines; beaucoup a été fait durant la législature sur le plan de la protection de la nature, de la gestion du territoire, de la promotion des activités et des institutions culturelles, des incitations économiques, des équipements publics (mais souvent avec un certain retard).

Le bilan officiel est toutefois bien trop optimiste – ou silencieux – sur plusieurs aspects de la politique vaudoise où se manifestent des défaillances ou des situations conflictuelles.

Ainsi lit-on, en matière scolaire, à propos d’«une école ouverte et à visée inclusive», qu’un cadre a été fixé (Concept cantonal 360°), que les établissements l’adaptent à la situation locale, que des moyens supplémentaires et diverses mesures contribuent «à entretenir un bon climat scolaire». On a pourtant cru percevoir, lors des élections printanières, que la situation n’était pas si rose, l’humeur pas si bonne dans le milieu des enseignants, et que le Concept 360° avait du plomb dans sa circonférence.

Quant aux relations avec les communes, le texte reste très factuel sur l’accord passé en 2020 avec l’Union de communes vaudoises (et ne mentionne pas l’opposition de l’Association des communes vaudoises). Dossier à suivre normalement, croit-on comprendre, alors que la confrontation constitue en réalité une grave crise institutionnelle.

Dans le domaine des communications, le bilan s’étend sur les nombreuses améliorations apportées aux transports publics, notamment ferroviaires (et c’était déjà bien tard dans certains cas). En revanche, il ne dit mot de la surcharge de plusieurs axes majeurs du réseau routier et ne laisse entrevoir aucune amélioration concrètement planifiée.

Pour la santé, le gouvernement de gauche se garde bien de mentionner les frictions provoquées par sa politique systématique d’étatisation du monde médical. Il y a pourtant des conflits ouverts avec les cliniques privées et une partie des esculapes.

Le chapitre sur la fiscalité mentionne brièvement les modestes adaptations réalisées – obtenues en général contre l’avis du Conseil d’Etat –, mais il se tait sur la surcharge persistante des contribuables personnes physiques. Il aura fallu, aux dernières nouvelles, que le Grand Conseil arrache une baisse du coefficient pour que le tableau change un peu.

Merci donc aux Sept de célébrer le bon état général du Canton et l’efficacité de leur propre action. Mais il manque un Fou du roi au château Saint-Maire pour lancer quelques piques méritées à un gouvernement trop satisfait de lui-même.

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires