Un mystère statistique

Très bonne nouvelle pour notre approvisionnement, et peut-être pour la planète: la Confédération, Mme Sommaruga en tête, lance une grande campagne contre le gaspillage de la nourriture; et, pour l’instant du moins, l’action reposera non sur une loi ou des ordonnances, mais sur un engagement volontaire des principaux acteurs de la filière alimentaire.

C’est que le problème est grave: ce gaspillage représente 330 kg par habitant et par an, a indiqué la ministre de l’Environnement. Le dossier précise encore que le principal responsable est le consommateur final, pour 40% des déchets, suivi du secteur de la transformation avec 30%, de la restauration (12%), de l’agriculture (11%) et du commerce (7%).

On admire la précision de ces chiffres. D’où proviennent-ils? Comment les statisticiens  savent-ils si je jette des légumes un peu défraîchis ou si je les cuis et les mouline pour en tirer une très bonne soupe (avec un peu de gingembre pour la relever)? Des agents de la Berne fédérale vont-ils inspecter et analyser les poubelles des restaurants?

Ce tour de force des comptables officiels nous rappelle le dénombrement, opéré il y a quelques lustres, de la main-d’œuvre clandestine. On nous sortait des chiffres relativement précis sans expliquer comment on pouvait recenser des personnes inscrites dans aucun registre.

Il y a peut-être quelque part du gaspillage statistique. Cela ne doit pas nous empêcher de surveiller les dates de péremption des réserves de nos frigos.