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Paderewski

Yves Gerhard
La Nation n° 2281 13 juin 2025

Depuis 2019, les Editions Infolio à Gollion ont lancé une petite collection fort sympathique, «Presto»: 64 pages et une bonne vingtaine d’illustrations pour présenter une personnalité suisse, illustre ou méconnue. La part du lion revient à des Romands, et déjà 58 titres! Un peu au hasard, mentionnons quelques-uns de ces portraits: Alice Rivaz, Bertil Galland, Marius Borgeaud, Cingria, Coghuf, Davel, Géa Augsbourg, Etienne Delessert, Juste Olivier, Ramuz, Charles Secrétan. Antonin Scherrer, le marathonien de la musicologie, a déjà fourni un Doret, La musique et le pays (Cf. La Nation n° 2253 du 17.05.2024) et vient de signer un Paderewski, Le plus suisse des Polonais. Ce musicien a eu «trois vies au moins»: son engagement patriotique pour la Pologne, sa vie de pianiste virtuose aux Etats-Unis, et sa retraite active dans sa propriété de Riond-Bosson à Tolochenaz. De cet ensemble ne reste aujourd’hui que le pigeonnier octogonal, qui se trouvait au centre d’un parc avicole soigné par son épouse Hélène Paderewska, et qui est visible de l’autoroute.

Durant son séjour morgien, le diplomate ne cesse d’intervenir dans les sphères de décision pour défendre les couleurs et l’existence même de la Pologne. Citoyen d’honneur de Vevey et de Morges, il reçoit également, en 1933, ce titre de la Ville de Lausanne. Nous ne résistons pas au plaisir de donner ici un extrait de son discours de remerciement: «Le premier devoir d’un étranger que le destin appelle à vivre parmi les hommes d’une autre race est de se faire pardonner son extraction, sa provenance. Il ne doit pas chercher à propager les idées et les doctrines contraires au pays dont il reçoit l’hospitalité. […] Il n’a qu’à s’adapter au milieu, à son ambiance. Il n’a qu’à obéir aux lois, à respecter les traditions et les mœurs et à aimer les hommes. […] Je pense avoir accompli mon devoir d’étranger tel que je le conçois, mais je ne crois pas avoir réussi à vous faire complètement oublier mon origine. Evidemment, c’était plutôt difficile. […] Aujourd’hui, le geste magnanime de la capitale du canton confirme et ratifie le verdict de Vevey et de Morges en me décernant la bourgeoisie d’honneur de l’ancienne et noble cité de Lausanne. Je considère comme un pardon définitif et je l’accepte avec tant de conviction que, déjà, je me sens non seulement Lausannois, mais un peu Vaudois et partant un peu Suisse aussi.»

De nombreuses citations, toutes plus pertinentes les unes que les autres ponctuent la vie foisonnante de ce virtuose qui a l’honneur d’avoir un musée à son nom, depuis 2016 au château de Morges.

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