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Quatre lettres

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2281 13 juin 2025

Le Lötschental ne fait déjà plus la une des journaux; l’Ukraine et Gaza sont devenues des sous-rubriques de la page «Monde»; le naufrage de la flotte Belle Epoque du Léman éveille encore un tout petit peu d’intérêt et celui du Conseil d’Etat plus aucun. Tous ces sujets se sont effacés devant LA nouvelle affaire qui agite aujourd’hui l’esprit des Vaudois: le nouveau logo de l’Université de Lausanne (UNIL).

Pour notre part, nous n’avons rien à dire contre ce nouveau logo, qui se résume juste à quatre lettres sur un fond bleu – avec tout de même, pour une fois, une majuscule au début. Ce qui nous agace, en revanche, c’est de lire tout le fatras de bêtises qui s’écrit à son sujet.

Ainsi beaucoup de commentateurs se plaignent que cette nouvelle identité visuelle est hors de prix. La presse évoque 120’000 francs (uniquement pour la création graphique, sans l’adaptation sur chaque support). Les graphistes interrogés répondent qu’un tel prix est dans la norme et qu’il faut beaucoup de travail pour aboutir à cette création… Les uns et les autres peuvent être renvoyés dos à dos car, d’un côté, il est assez plausible que ce prix soit passablement surévalué par rapport au travail effectué; mais, d’un autre côté, un tel montant semble étonnamment bas par rapport à ce que l’on a parfois pu voir, surtout pour un tel client dont la capacité financière n’est guère limitée.

Autre exemple: le citoyen lambda se plaint qu’il n’y ait pas eu de large consultation. Les graphistes répliquent, en substance, que les simples pékins ne sauraient avoir un avis avisé sur la question et qu’on risquerait d’obtenir autant d’opinions différentes que de personnes consultées. En cela, ils n’ont pas forcément tort. Mais ils se sentent obligés d’ajouter qu’un logo n’est pas une affaire de goût, qu’il résulte au contraire d’une science rigoureusement scientifique et d’un travail hyper-professionnel «pour obtenir un résultat cohérent avec les valeurs que veut renvoyer l’Université». Or on voit bien que ce n’est pas le cas ici puisque le nouveau logo n’affiche aucun militantisme politique. La réalité est que, au-delà de quelques réflexions d’ordre pratique, un logo reste précisément une question de goût. Mais, bien sûr, pas le goût de n’importe qui: c’est le goût de celui qui décide, le goût du chef (qui se trouve être généralement le graphiste lui-même, parfois exceptionnellement le client).

Pourquoi invoquer la science plutôt que l’autorité personnelle? Pourquoi cette pudeur tellement intellectuelle à affirmer que, dans quelque domaine que ce soit, il faut un chef, que c’est lui qui décide et que c’est ainsi et pas autrement?

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