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Séminaire 2010: Le paysan et le Pays - Deuxième soirée: libre-échange ou protectionnisme?

Olivier Delacrétaz
La Nation n° 1885 26 mars 2010
Les personnes présentes lors du deuxième soir de notre séminaire ont pu assister à un exercice unique dans les annales de nos séminaires, l’affrontement de deux orateurs dont aucun n’était membre de la Ligue vaudoise.

Représentant une position rigoureusement libre-échangiste, M. Olivier Duc, 30 ans, est paysan et fils de paysan. Détenteur d’un CFC d’agriculteur, il est devenu ingénieur, spécialisé en économie agraire et gestion d’entreprise. Après avoir pas mal bourlingué, il est revenu au pays et se retrouve aujourd’hui responsable des domaines agricoles des Etablissements pénitentiaires de la Plaine de l’Orbe. Toutefois, dès la fin de l’année, il reprendra la ferme paternelle à Chavannes-sur-Moudon.

Membre du NOMES, M. Duc lutte en faveur de l’adhésion de la Suisse à l’Union européenne. Il considère d’ailleurs cette adhésion comme une certitude. Seule la date est encore incertaine. Il juge également que la signature de l’éventuel futur Accord sur le libre-échange agricole (ALEA) est une nécessité. Et c’est donc dans ce cadre antiprotectionniste qu’il examine l’avenir de l’agriculture en général, et le sien en particulier. Des calculs très serrés l’amènent à juger qu’une agriculture suisse courageuse et inventive peut affronter avec des chances de succès les turbulences européennes.

Son adversaire, M. Willy Cretegny, vigneron bio à Satigny, n’est pas un inconnu pour nos lecteurs, qui se rappellent que nous avons collaboré avec son comité référendaire dans notre lutte contre le Cassis-de-Dijon. M. Cretegny part d’un point de vue totalement autre. Alors que M. Duc voit le paysan comme un individu devant tirer son épingle du jeu dans la tourmente européenne, M. Cretegny insiste énormément sur le caractère communautaire de l’activité agricole. La communauté forme un tout, les prix et les salaires rétroagissent les uns sur les autres. La solidarité communautaire exige que les productions locales passent avant les autres, fût-ce au prix d’interventions étatiques poussées à la frontière.

M. Cretegny va plus loin que les revendications de certains milieux paysans, notamment Uniterre, concernant la «souveraineté alimentaire». Dans la perspective du développement durable, il estime que la protection de l’Etat doit aller au-delà du soutien à l’agriculture et s’étendre à l’ensemble des produits du pays. Il annonce deux initiatives dans ce sens que son mouvement «La Vrille» va lancer sous peu.

Durant la discussion qui suivra, un participant mettra en relief la fragilité de certains calculs, prenant notamment comme exemple l’évolution imprévisible du prix du carburant. Un autre posera la question des productions «de niche», par quoi on entend des spécialités, des produits valant par leur originalité, leur rareté ou leur qualité exceptionnelle: l’agriculture, même en Suisse, cultive tout de même surtout des produits de masse, et l’on n’imagine guère une «niche de masse».

Les assauts courtois des deux orateurs et les interventions des personnes présentes ont mis en lumière utile deux positions inconciliables, relevant peut-être plus de la philosophie et de la morale que de l’agriculture ou de la politique agricole à proprement parler.

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