Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

C. F. Ramuz à Estavayer-le-Lac

André Durussel-Pochon
La Nation n° 1922 26 août 2011
C’est le milieu du mois d’août. Les champs sont moissonnés. En ce samedi-là, le soleil et le grand vent achèvent le séchage de beaux regains.

Par Champtauroz où demeure le compositeur Dominique Gesseney-Rappo, puis Murist et sa cathédrale des paysans, reconstruite en 1938 et consacrée par Monseigneur Marius Besson à la vieille de la seconde guerre mondiale, puis La Vounaise et Bollion, me voici à Estavayer-le-Lac. Dans les ruelles de cette petite cité historique se tient chaque année à cette époque, durant trois jours, une grande brocante en plein air.

D’emblée, mes pas vont vers les livres… Voici des ouvrages de Léon Savary, des romans d’Alice Rivaz (née à Rovray), voici Diego, cet attachant roman de Charles-François Landry édité chez Corrêa à Paris en 1940, avec cette émouvante dédicace:

A Monsieur le professeur Pierre Decker, que j’ai rencontré sur les hauts plateaux de la douleur, où l’Esprit souffle mieux qu’ailleurs.

Parmi d’autres ouvrages brochés, je découvre Ramuz, notre parrain, une biographie du grand écrivain écrite par Hélène Cingria, publiée aux Editions Pierre Boillat à Bienne en décembre 1956. En tant que membre de la Fondation Ramuz et celle des Amis de Ramuz à l’Université de Tours (cette association présidée depuis fort longtemps par l’infatigable Jean-Louis Pierre, auteur lui-même d’une récente thèse consacrée à l’oeuvre de Ramuz), je me fait un devoir d’acheter ce bouquin un peu jauni. Il est fort intéressant! Hélène Cingria, qui était la fille du peintre Alexandre Cingria, raconte dans ces pages, avec beaucoup d’humour et de simplicité, la trajectoire de cet ami de ses parents.

Charles Ferdinand Ramuz et Alexandre Cingria avaient fait connaissance pendant leur école de recrues à la caserne de la Pontaise, en 1901. Malgré quelques tempêtes dues à leur caractère fort dissemblables, ils demeurèrent dès lors toujours amis. Mais c’est surtout au sujet des débuts de l’écrivain à Paris que l’ouvrage d’Hélène Cingria nous apporte des précisions bienvenues. Dans un avantpropos, elle écrit en effet:

Ramuz n’est pas le grand homme d’une élite, c’est l’homme d’élite d’une race. Il incarne, avec le sens de l’équilibre et de la mesure qui est le propre du Vaudois, la finesse de son jugement, sa compréhension de l’humaine nature, la malice de son caractère. Joignez à cela ses qualités de poète et de philosophe et vous aurez les traits les plus marquants de son personnage. (Op. cit. p. 9)

Ce «personnage», s’il est devenu aujourd’hui un véritable «monument» hélas mal connu ou ignoré par les nouvelles générations, nous est ainsi restitué dans sa proximité vivante et je ne regrette pas mon achat à Estavayer-le-Lac.

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: