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«Nos amis Suisses»

Ernest JominiRevue de presse
La Nation n° 1930 16 décembre 2011
C’est ainsi que les Français nous désignent souvent, non sans quelque condescendance. Ce qui n’empêche pas leurs dirigeants de se livrer ces derniers temps à des attaques contre notre pays. Sur le mode humoristique, M. Pascal Bertschy («Ce qui rend la France malade», La Liberté du 29 novembre) constate que «les politiciens de l’Hexagone sont remontés contre la Suisse […] Notre pays forme avec Andorre, Monaco et le Luxembourg leur axe du mal». Pourtant les Suisses aiment bien leurs «amis Français»:

[…] Loin de jalouser les succès de la France, on les applaudit. Exemple récent: les Helvètes ont été heureux de voir le Parisien Bernard-Henri Lévy triompher de la dictature du colonel Kadhafi, et ce avec le soutien appréciable de l’aviation française, de l’OTAN et de quelques Libyens. […]

Par ailleurs, il est normal que la grande Nation s’irrite quelque peu de voir ses petits voisins se porter plutôt bien:

Se mettre à la place du personnel politique français: à l’heure où rien ne va plus dans sa propre maison, quoi de plus énervant que d’observer de l’autre côté du jardin de tels voisins? Si on ne se retenait pas, on irait coller de ce pas deux claques à ces nabots qui possèdent quelques économies dans leur coffre-fort, connaissent des taux de chômage raisonnables, vivent dans la paix du ménage, roulent dans une voiture neuve et ne dépensent jamais dix fois plus qu’ils ne gagnent. […]

Les politiciens français mesurent bien comme il doit être exquis d’être aujourd’hui Luxembourgeois ou Monégasques. N’étant pas aveugles, ils voient bien l’intérêt à faire les gros yeux à ces îles trop bien nanties. En particulier à la Suisse, nation à laquelle il serait temps de faire payer sa bonne fortune et ses privilèges, le principal étant de constituer un corps étranger au sein d’une Union européenne en ruine.

En étant aux abois comme l’est la France actuelle, n’importe qui finirait par avoir des querelles avec les voisins les plus chics du quartier. Ne pas s’étonner de la mauvaise humeur de la France, donc, ni se réjouir de ses malheurs. D’autant moins que la Suisse ne rigolera pas forcément le jour où ce qui restera du château de cartes européen fera sa pressante demande d’adhésion à la Confédération helvétique…

Voilà qui nous aide à mieux comprendre le comportement déroutant de «nos amis Français».

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