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Les lieux du coeur

Jean-Blaise Rochat
La Nation n° 1930 16 décembre 2011
Les lecteurs fidèles de ce journal se rappellent sans doute le récit par épisodes d’une longue randonnée que nous livrait régulièrement Eric Werner. C’était dans les années 1998-1999. Notre ami avait traversé à pied le Plateau suisse d’Est en Ouest et nous régalait de ses fines observations et de son don de conteur. Il y a un marcheur dans l’âme de tout lecteur de La Nation – la marche est une institution chez nous –, et cette disposition assura un beau succès à un feuilleton qui nous tirait des vicissitudes de la politique et de l’absurde vitesse du monde moderne.

Il y eut une suite à cette aventure, qui relève presque du conte de fée. Le conte commence avec une malle mystérieuse dans le grenier, qui recèle des documents surprenants: un lointain ancêtre d’Eric Werner a fait le même parcours, mais en sens inverse, à la fin du XVIIIe siècle. Jean-Pierre Vaucher (1763-1841), pasteur genevois, évoque, par un échange de lettres avec un correspondant zuricois, son amour des paysages et de la botanique, dans la vénération du Rousseau de la Nouvelle Héloïse.

Eric Werner a choisi d’éditer quelques-unes des lettres de son aïeul, abondamment annotées et commentées. Cela donne un vibrant colloque à trois voix de trois êtres qui n’ont pu se rencontrer mais qui communient dans le même amour de la nature. Werner et son parent sont des lecteurs fervents du «grand écrivain» dont ils parcourent avec une voluptueuse application les lieux visités par lui. On n’imagine pas à quel point Rousseau a été le révélateur des paysages de nos contrées, et l’inventeur de la sensibilité moderne à la nature. «J’ai visité une nouvelle fois le château de Haute-ville et aperçu de loin ceux de Blonay et du Châtelard. Mon cher ami, que ces lieux sont beaux, et combien ils parlent au coeur, je voudrais les visiter avec vous, et voir comment vous en jugeriez.» (Lettre du 13 octobre 1787)

Rétrospectivement, l’oeuvre d’Eric Werner – avec désormais une bonne douzaine de titres – apparaît comme une autobiographie intellectuelle et spirituelle: dans Portrait d’Eric, il était à la recherche de son père. Dans Les lieux du coeur, il plonge plus profond dans sa généalogie pour démêler les linéaments de sa propre sensibilité.

 

NOTES:

Eric Werner, Les lieux du coeur, Un pasteur genevois sur les pas de Jean-Jacques Rousseau, Vevey, Editions Xénia, 2011, 110 p.

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