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Cercle vicieux

Jacques Perrin
La Nation n° 1933 27 janvier 2012

Oui, certaines personnes ont l’âme malade; oui, des psychiatres de toutes obédiences les soignent; oui, les médicaments les soulagent.

Ces évidences une fois admises, on s’étonne cependant du spectacle mis en scène par les thérapeutes et les marchands spécialisés dans les maux psychiques. Que nous le voulions ou non, le «psy show» envahit nos vies.

«Les enfants ont de plus en plus besoin des psychologues», titrait il y a peu Le Matin. L’inverse est vrai aussi: les psychologues ont de plus en plus besoin de clients, qu’ils soient enfants, adolescents, adultes ou vieillards. L’offre et la demande dessinent un cercle vicieux. La démocratisation des études aidant, les Facultés produisent des psychologues à la tonne (ou des géographes, des sociologues, des historiens de l’art…). La psychologie est parfois le refuge de ceux qui ne savent que faire de leur intelligence et de leur bon coeur. Il faut bien que ces individus «bardés de diplômes» gagnent leur vie.

Le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disordrers), bible des psychologues, dont la cinquième édition est en préparation, ne cesse de s’épaissir. La moindre manie, la moindre originalité, le moindre trouble, par exemple la timidité, y sont répertoriés comme des maladies.

Tout enseignant est prévenu: Dans une classe nouvelle, il risque accueillir un «hyperactif», un «dyslexique» ou un «dysorthographique», un élève atteint d’un «déficit d’attention», un autiste léger (syndrome d’Apsberger), un enfant disposant d’un «haut potentiel intellectuel» (hpi). A moins qu’il n’hérite d’un anxieux suivant une thérapie familiale avec ses parents fraîchement séparés, d’un boulimique, d’une anorexique, d’un toxicomane qui se scarifie, sans compter les obèses, les diabétiques, les asthmatiques…

A chaque classe, son lot de victimes prises en charge par des psychologues, des médecins et des infirmières scolaires, des orthophonistes, des logopédistes, des nutritionnistes ou des cellules de soutien psychologique. Que les bien-portants lèvent le doigt!

Les rayons des libraires débordent d’ouvrages où les spécialistes enseignent aux parents à «gérer» leurs enfants. Chacun a des conseils à donner, une expérience à transmettre, des présupposés théoriques à illustrer. Certains deviennent des vedettes médiatiques, qu’ils soient réputés «réacs» comme Aldo Naouri ou feu Super Nanny, ou «sympas», comme Boris Cyrulnik, Marcel Rufo et Isabelle Filliozat. On plaint les parents qui, pour parvenir à éduquer leurs enfants, n’ont d’autre choix que de se plonger dans cette littérature pléthorique et contradictoire.

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