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Démocratie oligarchique

Ernest JominiRevue de presse
La Nation n° 1933 27 janvier 2012

L’affaire Hildebrand a inspiré Me Charles Poncet qui, dans L’Hebdo du 12 janvier, a adressé une «Lettre ouverte à Hansueli Raggenbass», président de la Banque Nationale Suisse (BNS). L’avocat genevois a siégé quatre ans au Conseil national; il a donc une vision assez exacte du fonctionnement de la démocratie partisane:

[…] Les prébendes suisses sont divisées entre les quatre partis gouvernementaux: socialistes, radicaux-libéraux, PDC et UDC cohabitent dans les grandes régies – CFF, Poste, BNS, Fonds national de la recherche scientifique, SSR, grandes écoles, Pro Helvetia, etc. –, l’un(e) président sans bruit, l’autre plus exposé comme directeur général; d’autres encore, simples potiches, prennent place à la table de bombance, muets, tenant d’une main reconnaissante la sébile à jetons de présence où s’entasseront les pistoles. Car il s’agit de récompenser les caciques des partis, voire d’acheter leur silence; leurs compétences, quand ils en ont, sont rarement décisives. Malgré des débâcles récentes – Swissair ou UBS pour ne parler que d’elles –, l’arcane déploie toujours ses effets dans certaines entreprises, y compris, hélas, les médias suisses, dont la pusillanimité étonne à juste titre les rares étrangers qui s’y intéressent. Contagieuse, cette peste s’étend aux cantons et aux communes: services industriels, transports publics, banques cantonales ont au conseil des ganaches redevables à une allégeance partisane de la sinécure où elles se complaisent.

Un chantage réciproque et permanent cimente l’assemblage. Personne ne pourfendra le rentier de l’autre camp: fût-il incapable, voire félon, qu’il risquerait au plus des égratignures et la démission en douceur, chacun redoutant que, s’il se voyait chassé sans ménagement des verts pâturages où ses commensaux broutent à loisir, le résignataire ne troublât le confort général par quelque confession intempestive; voire qu’en représailles il n’ouvrît au vent du large les placards dont émaneraient à coup sûr de forts effluves de brie ou de schabziger propres à troubler la béate torpeur de la plus vieille démocratie du monde. […]

On devrait insérer quelques textes de Me Poncet dans les manuels d’instruction civique qui deviendraient ainsi moins rasoirs, en décrivant non seulement la machine démocratique, mais aussi les oligarchies partisanes qui s’en servent.

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