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UGBFG

Jean-Michel Henny
La Nation n° 1951 5 octobre 2012

Une UGBFG peut être une vache consommant des fourrages grossiers (FG). Mais comme il s’agit d’une unité de gros bétail (UGB), il peut s’agir de n’importe quel bovin, d’un buffle d’Asie, d’un bison, d’un équidé, d’une chèvre ou d’un mouton, voire d’un cerf, d’un lama ou d’un alpaga.  Mais si une vache laitière ou une jument portante vaut 1 UGB, il faut 2,5 mulets, 4 brebis traites, 10 daims ou 14,285 alpagas de moins de 2 ans pour faire le poids.

La semaine dernière, le Conseil national a débattu de diverses modifications de la loi fédérale sur l’agriculture en relation avec l’allocation de moyens financiers importants pour cette branche économique. Les parlementaires ont «aboli la prime à la vache accusée de favoriser la surproduction », pour reprendre les termes du journal Agri du 28 septembre dernier. Cette prime porte actuellement le nom de «contribution pour la garde d’animaux consommant des fourrages grossiers». Il s’agit d’un montant de 690 francs par UGB. On fera grâce aux lecteurs de l’ensemble des prescriptions et cautèles liées à l’allocation de cette prime.

Le Conseil national a suivi sur ce point le Conseil fédéral et son projet en modifiant tout le système des paiements directs qui comprendront dorénavant, si le Conseil des Etats est d’accord, les contributions suivantes: aux paysages cultivés, à la sécurité de l’approvisionnement, à la biodiversité, à la qualité du paysage, au système de production, à l’efficience des ressources, ainsi que les contributions de transition (aide sociale aux victimes de l’évolution des structures agricoles).

Ces dix dernières années, et malgré le soutien de la Confédération, le nombre d’exploitations a passé de 70000 à 57600, dont environ 30% à temps partiel. En 2011 seulement, 1450 exploitations ont disparu.

Et pourtant, l’énumération des paiements directs et les montants alloués chaque année à ce titre, de l’ordre de 3 milliards de francs, devraient suffire. Il n’en est rien.

Tout d’abord, pour toucher les paiements directs, il faut respecter les prestations écologiques requises (PER) soit garder les animaux de rente de façon respectueuse de l’espèce, avoir un bilan de fumure équilibré, une part équitable de surface de compensation écologique, un assolement régulier, protéger le sol contre l’érosion et utiliser de façon ciblée les produits phytosanitaires; il ne faut pas être âgé de plus de 65 ans, que l’exploitation ne soit ni trop petite ni trop grande, que le paysan ne gagne pas trop ou n’ait pas trop de fortune et qu’il réalise lui-même ou avec sa famille et ses employés au moins 50% des travaux de l’exploitation. S’il répond à tous ces critères, il pourra recevoir les contributions suivantes:

  • A la surface de Fr. 1020.– par hectare et par année, • Pour la garde d’animaux consommant des fourrages grossiers,
  • Pour la garde d’animaux dans des conditions difficiles,
  • Pour des terrains en pente,
  • Pour des surfaces viticoles en pente,
  • Pour des prairies extensives et des surfaces à litière,
  • Pour des prairies peu intensives,
  • Pour des haies, bosquets champêtres et berges boisées,
  • Pour des jachères florales,
  • Pour des jachères tournantes,
  • Pour des bandes culturales extensives,
  • Pour des ourlets sur terre assolée,
  • Pour des arbres fruitiers hautes tiges,
  • Pour une production extensive,
  • Pour de la culture biologique,
  • Pour la qualité biologique et pour la mise en réseau,
  • Pour des systèmes de stabulation particulièrement respectueux des animaux (les animaux doivent être gardés en groupe, non entravés, avoir accès en permanence à au moins deux aires de séjour différentes et disposer d’un éclairage naturel de 15 lux au moins dans l’étable),
  • Pour des sorties régulières en plein air d’animaux de rente (du 1er mai au 31 octobre, il faut au minimum 26 sorties au pâturage par mois et du 1er novembre au 30 avril au minimum 13 sorties par mois; les porcs et les lapins doivent avoir une sortie quotidienne pendant plusieurs heures alors que la volaille de rente doit avoir accès pendant la journée à une aire à climat extérieur et un accès quotidien à un pâturage),
  • Pour l’estivage,
  • Pour la culture de colza, de soja, de tournesol, de courges à huile et de lin, de féveroles, de protéagineux et lupins, etc.

Les milieux agricoles se battent, mais en vain, pour que le prix des produits agricoles corresponde à leur coût, le paysan étant rétribué plus par ce qu’il produit que par les paiements directs. Les écologistes et les secteurs économiques liés à l’exportation, pour des raisons diamétralement opposées, souhaitent au contraire déconnecter le revenu paysan de la production agricole. Ce combat ne date pas d’hier.

La loi sur l’agriculture prévoira dorénavant, si l’Assemblée fédérale ratifie, que les mesures prises par la Confédération doivent s’orienter «d’après le principe de la souveraineté alimentaire pour prendre en compte les besoins des consommateurs en produits du pays diversifiés, durables et de haute qualité». Pourquoi n’avoir pas inscrit dans la disposition légale la notion de «en suffisance»? La souveraineté alimentaire postule de tout mettre en œuvre pour disposer d’aliments en suffisance afin d’éviter de dépendre de l’étranger en cas de difficultés graves, qu’il s’agisse de pénurie, de guerre ou de troubles en tous genres. Mais qui imagine aujourd’hui que l’on puisse un jour manquer de nourriture? Ceux qui ont vécu activement le «Plan Wahlen» sont en voie de disparition.

Notre degré d’auto-approvisionnement est de l’ordre de 60%. Le maintien d’une agriculture productrice de biens de consommation est un des piliers de la défense nationale. A quoi serviraient de beaux paysages dans lesquels devraient errer 8 millions d’habitants faméliques?

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