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L’esprit des rencontres

Jean-Blaise Rochat
La Nation n° 1981 29 novembre 2013

La couverture du dernier ouvrage de notre collaborateur Jean-Jacques Rapin présente un portrait de Jean-Sébastien Bach et le plan d’une fortification du temps de Vauban. Ce sont les emblèmes des deux passions centrales de la vie de l’auteur: l’art musical et l’art militaire qui ont rempli la belle carrière du fondateur de l’actuel Conservatoire de Lausanne. On remarquera au passage que la surprenante association de la musique et de la vie militaire est illustrée par les exemples d’Albert Roussel et de Rimsky-Korsakov, grands compositeurs mais aussi officiers supérieurs dans la marine de guerre de leur pays. Un livre peut-il orienter une vie? N’importe quel vrai lecteur sait que oui. Pour Jean-Jacques Rapin, ce fut la découverte, dans sa prime jeunesse, de Jean-Christophe de Romain Rolland, un vaste roman de formation, un peu délaissé aujourd’hui, qui raconte la vie imaginaire d’un génie de la musique. Cette lecture est le fruit de la première rencontre déterminante pour l’auteur, son maître de collège. S’ensuivent de nombreuses autres rencontres significatives d’où émergent les figures d’Ansermet, de Langendorf et de Bertil Galland.

Tout le livre de Jean-Jacques Rapin est traversé d’un profond courant d’amitié, émouvant quand il s’agit de la veuve du grand Furtwängler, érudit et truculent lorsqu’on parcourt la Bohème et la Moravie en compagnie de Jean-Jacques Langendorf, à la recherche des lieux fréquentés par Rilke, ou de quelque auberge gastronomique. L’esprit de ces rencontres, tant des vivants que des disparus (Brahms, Schumann, Vauban…) est soutenu par un fort sentiment d’admiration pour ceux qui, à un titre ou un autre, ont œuvré pour l’édification et la défense de notre civilisation.

Ainsi se dessine en creux le portrait de l’auteur, un homme énergique et cultivé, passionnément patriote, un rhodanien qui sait ce qu’il doit à Ramuz, un Mitteleuropäer attiré par le monde germanique, comme le Mercanton de L’été des Sept-Dormants.

 

Référence: Jean-Jacques Rapin, L’esprit des rencontres, éd. Infolio, Gollion, 2013, 224 p

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