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Les futurs départements

Jean-François Cavin
La Nation n° 2202 3 juin 2022

La nouvelle organisation des départements1 de l’administration vaudoise et leur attribution aux conseillers d’Etat élus pour la prochaine législature laisse une impression mitigée. D’une part, on se réjouira d’une presque bonne décision: le renforcement de la présidence par l’attribution de divers services, que les commentateurs n’ont guère relevé. D’autre part, on ne peut se défendre du sentiment d’assister à un certain bricolage en considérant le rattachement de plusieurs bureaux.

La présidence permanente du Conseil d’Etat a déployé d’assez bons effets depuis son institution, si l’on compare avec l’anarchie qui caractérisait une période antérieure. On pourrait concevoir qu’elle soit couplée à la direction des Finances, comme c’est le cas dans de nombreuses communes où le syndic tient aussi les cordons de la bourse. Mais notre monde politique n’est pas prêt à accepter qu’un membre du gouvernement soit revêtu d’une aussi double et forte autorité transversale. La solution consistant à joindre les services institutionnels à la présidence est aussi cohérente; c’est celle qui a été plus ou moins adoptée. Ainsi la présidente, à laquelle la Chancellerie est rattachée, dirigera-t-elle aussi les Affaires extérieures confédérales, les Affaires institutionnelles, les Relations avec les communes, ainsi que la Direction du territoire (qui s’accorde bien avec les affaires communales) et du logement. On reviendra plus bas sur d’autres attributions. Notons qu’il reviendra à Mme Luisier Brodard, en charge des Affaires fédérales du point de vue de l’Etat de Vaud, de tenir haut l’étendard du fédéralisme, y compris en matière d’énergies renouvelables, domaine où la Confédération se fait menaçante pour la souveraineté cantonale.

Nous nous réjouissons «presque» de cette composition du département présidentiel, car celui-ci devrait encore, à nos yeux, se voir confier les Affaires extérieures transfrontalières – bizarrement associées à la Formation – ainsi que l’Organe de prospective et le Service de statistiques, qui resteront aux Finances.

Ce ne sont sûrement pas des considérations de haute politique qui ont dicté d’autres aiguillages. Lier les Affaires culturelles aux Infrastructures, ce n’est judicieux que si l’on apprécie la musique des marteaux-piqueurs. L’Agriculture avec les Finances? Sans doute Mme Dittli est-elle fille de paysan, mais on déplore que l’économie de la terre soit découplée du reste de l’économie. L’Education physique avec les Institutions? Un exercice de contorsion… La Caisse de pensions passe du département des Assurances à celui de l’Economie, mais sa place serait logiquement proche du Service du personnel.

Le «Plan climat» a droit à un traitement très particulier. Son développement sera placé sous la présidence conjointe de Mme Luisier Brodard, présidente du Conseil d’Etat, et de M. Venizelos, en charge de l’Environnement. Après fusion avec le Bureau de la durabilité (mesure sans doute bienvenue), «la nouvelle entité redéfinie fera l’objet d’un rattachement au département en charge de l’Agriculture», nous dit le communiqué officiel. Il y aurait donc trois conseillers d’Etat sur le dossier? La réponse donnée en haut lieu est que cela témoigne de l’importance du problème et de sa transversalité. Voire! N’y a-t-il pas d’autres affaires de première importance – et transversales – qui restent en mains d’un seul magistrat pour leur conduite courante? Et le principe du gouvernement collégial n’implique-t-il pas que tous les conseillers d’Etat participent au choix des orientations essentielles?

S’agissant de l’attribution des départements, on souhaite bon courage à M. Borloz pour remettre l’école au milieu du village. Son efficace rondeur suffira-t-elle? Il faut aussi être tranchant, car le rétablissement exige probablement l’épuration d’une partie des cadres de la Barre et des animateurs de la Haute Ecole Pédagogique. Quant aux Finances, certains se sont étonnés qu’elles soient désormais sous la responsabilité d’une centriste; imposera-t-elle un changement de cap assez prononcé pour soulager enfin le contribuable vaudois? D’autres répondent que sa politique sera de toute façon moins orientée à gauche que le «compromis dynamique» du régime précédent. Soyons optimistes.

Notes:

1  Les départements ne sont pas encore baptisés. Nous les désignons d’une façon proche des noms actuels en considérant leur centre de gravité.

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