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Bernard Reichel, un compositeur à redécouvrir

Frédéric Monnier
La Nation n° 2202 3 juin 2022

« Ma musique repose sur un fond tonal, ce qui ne m’empêche pas d’utiliser tous les degrés de la gamme chromatique et de moduler librement dans tous les tons, à la façon d’un kaléidoscope!»

Bernard Reichel

Nous avons assisté, le 19 mai dernier au temple de Lutry, à un concert en l’honneur de Bernard Reichel. Mais qui est donc ce compositeur un peu négligé de nos jours1?

Né en 1901 à Neuchâtel, il étudie l’harmonie et le contrepoint dans cette même ville, l’orgue et la composition au Conservatoire de Bâle, poursuit ses études à l’Institut Jaques-Dalcroze de Genève et les complète par un séjour d’une année à Paris. Installé pour plusieurs années dans la ville de Calvin, il enseigne, de 1925 à 1968 et dans ce même Institut Jaques-Dalcroze, le solfège, l’improvisation, la rythmique et l’histoire de la musique; de 1952 à 1972, il donne des cours d’harmonie au Conservatoire de Genève; il est également organiste titulaire dans deux églises, le temple de Chêne-Bougeries (1931-1944), puis celui des Eaux-Vives (1944-1971). C’est aussi à Genève qu’il rencontre Frank Martin dont il deviendra un ami très cher. En 1977, il s’installe à Lutry où il décédera quinze ans plus tard.

De son immense catalogue (plus de 600 œuvres de tous genres, hormis le ballet et l’opéra!), les organisateurs du concert de Lutry (également donné quelques jours plus tôt à La Chaux-de-Fonds et à Genève) ont extrait quelques pièces qui reflétaient bien la diversité d’inspiration du compositeur. Nous avons ainsi pu entendre une Ouverture pour cordes d’une belle densité polyphonique, des chœurs a cappella aux harmonies subtiles, mais délicats d’intonation, et dont on retiendra entre autres le bref (Reichel n’a mis en musique que les deux premiers versets du cantique de Marie) mais très émouvant Magnificat, une Pastorale pour orgue, une Cantate sur un fragment d’un poème de Goethe à l’instrumentation pour le moins originale (soprano et alto solistes, chœur mixte, cymbales, flûtes de bambou, tambourin et violoncelle), ou encore cette Sonate pour flûte, violon et violoncelle «à la Bach» (il ne manquait guère que le clavecin pour en faire un 7e Concerto brandebourgeois!). Toutes ces œuvres ont bénéficié du concours d’excellents interprètes (parmi lesquels plusieurs étudiants du Conservatoire de Neuchâtel). Un seul regret cependant: ce concert, organisé par l’Association Bernard Reichel en partenariat avec le Conservatoire de musique neuchâtelois, l’Association Harmonia Helvetica et la revue Passé Simple, aurait mérité une plus grande couverture médiatique, car le public (du moins à Lutry) n’était hélas pas excessivement nombreux…

Les mélomanes qui souhaiteraient partir à la découverte de l’œuvre de Reichel peuvent se procurer un coffret de neuf disques paru en 2005 et présentant un choix substantiel d’œuvres de 1936 à 1983, avec une pléiade d’interprètes de Suisse romande (coffret produit sous le label VDE-Gallo par la Radio Suisse romande Espace 2 et l’Association Bernard Reichel). On recommandera aussi vivement le disque tout récent du pianiste vaudois Christian Chamorel accompagné par l’orchestre Nexus sous la direction de Guillaume Berney: ces interprètes remarquables nous font entendre un Concertino écrit par Reichel en 1949, œuvre couplée avec deux des plus beaux concertos pour piano de Mozart, en la majeur K. 488 et en do mineur K. 491. Ce couplage paraît surprenant, mais, explique le pianiste dans la notice du disque, «un désir commun de clarté, de concision et de sobriété expressive, une recherche permanente d’équilibre entre soliste et orchestre animent les deux compositeurs». L’écoute complète du disque avec le Concertino placé entre les deux concertos de Mozart justifie pleinement ce choix. Un enregistrement hautement recommandable (disque Calliope, Cal 22100).

Notes:

1  Nous tirons les informations qui suivent du site internet www.bernardreichel.ch, très bien fait et documenté.

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