2044: Un million de Vaudois - Deuxième soir du séminaire de la Ligue vaudoise
Mercredi 9 novembre s’est déroulée la suite du séminaire 2022 de la Ligue vaudoise ayant pour titre «2044: un million de Vaudois». Pour rappel, les deux premières conférences du précédent mercredi traitaient des aspects historiques et techniques de la démographie vaudoise. Lors de ce deuxième soir de séminaire, les bases précédemment posées ont permis de développer le côté politique du sujet. M. Lionel Hort, de la Ligue vaudoise, a entamé la soirée avec une conférence présentant les avis des différents partis politiques sur la question de la démographie vaudoise. Les partis ont, jusqu’à présent, assez peu problématisé la croissance démographique dans leurs documentations. Ils mettent plutôt en avant les effets secondaires causés par celle-ci, comme le «mitage du territoire» (construction de bâtiments éparpillés dans des zones rurales, sans planification cohérente) ou le manque d’infrastructures publiques, notamment hospitalières ou scolaires. Les sources utilisées pour résumer les avis des partis sont celles issues de leurs positions officielles, plutôt que celles d’élus ou de personnalités.
Le PLR Vaud n’est pas particulièrement inquiété par les perspectives démographiques et y perçoit au contraire le signe de la vitalité et de l’attractivité du Canton Il y voit même une bonne nouvelle pour le financement des futures retraites ou la croissance économique. Cependant, il reconnaît également que cette croissance devra être accompagnée d’une politique d’aménagement du territoire, tout en respectant les lois fédérales.
Le son de cloche est identique du côté des socialistes. Bien qu’ils évitent d’utiliser le mot «croissance», ils approuvent l’augmentation de la population par le biais de l’immigration, tout en insistant sur le besoin d’adapter les infrastructures.
En 2012, les Verts vaudois semblent être les seuls à s’être penchés sur la question spécifique de la démographie. Ils constatent l’impact de la démographie sur l’environnement, mais refusent de remettre en question l’immigration. Ils veulent un aménagement du territoire durable, plus strictement encadré et «plus intelligent», c’est-à-dire plus planifié.
L’UDC, contrairement aux autres partis, a toujours fait le lien entre démographie et immigration, en en dénonçant les effets négatifs, et milite très clairement contre «la vision démographique expansionniste» actuelle. L’UDC a d’ailleurs soutenu, voire lancé, les deux initiatives populaires de 2014 visant à limiter l’immigration: l’initiative contre l’immigration de masse et «Ecopop– Halte à la surpopulation, oui à la préservation durable des ressources naturelles».
M. Hort concluait son exposé sur le fait que chaque parti aperçoit certains effets isolés de la croissance démographique, mais qu’aucun ne les traite dans leur globalité.
M. Philippe Leuba, ancien conseiller d’Etat PLR, a présenté un discours ayant pour titre «Croissez et multipliez! Quelle maîtrise pour la démographie cantonale?».
Il a d’abord présenté les moyens d’action de l’Etat sur la démographie. Il a relevé que quand l’Etat veut mener une politique démographique volontariste, c’est toujours sous l’angle de la natalité, jamais sous celui de la mortalité. En effet, la mortalité dépend majoritairement des avancées de la médecine, et l’Etat ne peut que légèrement maîtriser cette variable au travers de politiques favorisant la recherche ou l’accès et la qualité des soins. Pour ce qui est de la natalité, il note que les politiques natalistes, telles que les allocations familiales ou la fiscalité, n’ont jamais eu les effets escomptés dans les pays démocratiques. Il s’en réjouit, considérant que la décision d’avoir un enfant est personnelle et que l’Etat n’a pas à s’immiscer dans cette décision. Concernant l’immigration, le Canton n’a pas les capacités de la freiner, les politiques d’immigration étant discutées à Berne. Seules quelques décisions de droit d’asile sont prises au niveau cantonal.
M. Leuba s’oppose également à la décroissance démographique. A l’entendre, elle irait de pair avec une récession économique, ce qu’il considère comme toujours néfaste. Il ne condamne donc pas l’immigration nécessaire pour l’économie, même s’il ne s’agit pas d’en nier les problèmes. Dans sa droite ligne libérale, il ne voit pas forcément de manière négative cette impuissance de l’Etat face à la démographie.
Le troisième et dernier soir du séminaire exposait la vision de la Ligue sur la question de la démographie au travers d’une présentation du Vaudois nouveau et du Pays et des institutions face au million. Nous renvoyons les lecteurs à l’éditorial de M. Félicien Monnier intitulé «Enthousiasme opiniâtre» et publié dans le numéro précédent de La Nation.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Coup de rasoir – Editorial, Félicien Monnier
- Occident express 107 – David Laufer
- Un «contrat» bancal – Jean-François Cavin
- Un ouvrage bienvenu sur le Major Davel – Antoine Rochat
- Une voix s’est tue – Vincent Hort
- Subjonctifs et participes – Jacques Perrin
- La théorie de l’assimilation – Olivier Delacrétaz
- Léviathan numérique – Benoît de Mestral
- Virgile au Grand Conseil – Jean-François Cavin
- A la découverte de quelques communes oubliées – Le Coin du Ronchon