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Garder l’oeil sur Lampedusa

Cédric Cossy
La Nation n° 1927 4 novembre 2011
Sous le titre «Inconséquences», La Nation du 13 septembre 1969 écrivait ceci:

C’est avec un plaisir non dissimulé que nos chroniqueurs de politique étrangère ont annoncé la chute de la monarchie libyenne. Encore un roi de moins! Bientôt le tour du Maroc!

Mort aux colonels d’Athènes mais vive les colonels de Libye!

Ne se rend-on pas compte qu’un facteur de stabilité de l’Afrique du Nord vient de disparaître, mettant à découvert la Tunisie?

La Nation avait tort sur la question de la stabilité: le colonel Kadhafi est resté plus de quarante ans au pouvoir. Pour le reste, les chroniqueurs de l’époque n’avaient pas vu que le personnage serait un dirigeant plus autoritaire, arbitraire et égocentrique que n’aurait pu l’être n’importe quel monarque, souverain ou dans l’ombre d’une puissance coloniale. Combien de ces chroniqueurs se sont-ils par la suite excusés auprès des Libyens de leur soutien initial au dictateur?

Les médias d’aujourd’hui se réjouissent du renversement des anciens caciques nord-africains et de l’arrivée de la démocratie. Le résultat du vote tunisien et la référence très claire à la charia faite par le gouvernement transitoire libyen les inquiètent certes un peu, mais pas trop: la démocratie est en marche et, comme elle est intrinsèquement bonne pour les peuples, tout va donc bien se terminer.

Nous ne voyons pas pourquoi l’éradication violente d’un mauvais régime devrait, grâce à un coup de baguette démocratique, automatiquement conduire à l’avènement d’un meilleur gouvernement. Interrogez les Afghans et autres Irakiens à ce sujet. Le XXe siècle compte aussi son lot de régimes exécrables élus parfaitement démocratiquement. Est-ce le même sort qui attend les Africains du nord? L’évolution du nombre de débarquements à Lampedusa sera un indice inversement proportionnel au succès de la reconstruction politique dans cette région du monde.

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