Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Remerciements à Steve Jobs

Olivier Delacrétaz
La Nation n° 1927 4 novembre 2011
On a beaucoup glosé sur la mort du fondateur d’Apple. Je voudrais simplement dire la reconnaissance que lui doit une personne venue tard à l’informatique et condamnée à pianoter plusieurs heures par jour pour des motifs professionnels et rédactionnels.

Steve Jobs s’est constamment appliqué à penser en fonction de l’utilisateur lambda (nous aurions plus pertinemment écrit bêta, si le terme n’évoquait pas, dans le monde de l’ordinateur, une certaine compétence) et en particulier du soussigné. Il a compris son désintérêt pathologique à l’égard de l’informatique comme telle et s’est employé à subvenir à sa paresse technique. Il simplifiait tout, équilibrait tout, reliait tout. Il nous a rendu, lâchons le mot, il nous a rendu naturelle l’utilisation de ses ordinateurs et de ses téléphones. Il nous a «mâché le papet».

Visant à la simplicité et à l’unité, Steve Jobs en arrivait tout naturellement à la beauté. Ses ordinateurs élégants et originaux, pensons au Mac cubique ou à l’e-mac en forme de berlingot, ou encore à l’immense et néanmoins peu encombrant i-mac 27 pouces, dernière version de l’ordinateur «tout en un», ses systèmes d’exploitation rapides sans cesse épurés de leurs lignes inutiles, notamment snow leopard, la transmission par ondes nous évitant le spectacle affreux de l’enchevêtrement inatteignable et poussièreux de cordons noués et de prises suspectes, le choix de matériaux de qualité, ses écrans rétroéclairés, la sauvegarde automatique, tout cela a créé un environnement de travail calmant, parfois même inspirant. Bien entendu, Steve Jobs n’a de loin pas inventé tout cela, mais il est le seul à avoir voué tous ses soins à les intégrer, à leur donner une cohérence d’ensemble, à en tirer tous les avantages possibles pour M. Lambda. Il a maîtrisé la technique en l’humanisant.

Enfin, à une époque où règnent les grandes entreprises anonymes dont le directeur n’est que le premier employé des actionnaires et n’apparaît au grand jour que lorsque les journaux évoquent ses bonus excessifs ou l’envergure de son parachute doré, Steve Jobs était un vrai patron. C’était, au fond, un de ces patrons à l’ancienne, qui lient leur destin à l’entreprise qu’ils ont créée. La sienne comptait plus de 45000 employés. Il en avait une vision complète, il en orientait les créations, de la conception à la publicité, il faisait le lien, pardon, l’interface, entre elle et le reste du monde. Même si une identification personnelle aussi forte se paie d’une succession difficile, elle est la marque des vrais entrepreneurs.

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: