Remerciements à Steve Jobs
Steve Jobs s’est constamment appliqué à penser en fonction de l’utilisateur lambda (nous aurions plus pertinemment écrit bêta, si le terme n’évoquait pas, dans le monde de l’ordinateur, une certaine compétence) et en particulier du soussigné. Il a compris son désintérêt pathologique à l’égard de l’informatique comme telle et s’est employé à subvenir à sa paresse technique. Il simplifiait tout, équilibrait tout, reliait tout. Il nous a rendu, lâchons le mot, il nous a rendu naturelle l’utilisation de ses ordinateurs et de ses téléphones. Il nous a «mâché le papet».
Visant à la simplicité et à l’unité, Steve Jobs en arrivait tout naturellement à la beauté. Ses ordinateurs élégants et originaux, pensons au Mac cubique ou à l’e-mac en forme de berlingot, ou encore à l’immense et néanmoins peu encombrant i-mac 27 pouces, dernière version de l’ordinateur «tout en un», ses systèmes d’exploitation rapides sans cesse épurés de leurs lignes inutiles, notamment snow leopard, la transmission par ondes nous évitant le spectacle affreux de l’enchevêtrement inatteignable et poussièreux de cordons noués et de prises suspectes, le choix de matériaux de qualité, ses écrans rétroéclairés, la sauvegarde automatique, tout cela a créé un environnement de travail calmant, parfois même inspirant. Bien entendu, Steve Jobs n’a de loin pas inventé tout cela, mais il est le seul à avoir voué tous ses soins à les intégrer, à leur donner une cohérence d’ensemble, à en tirer tous les avantages possibles pour M. Lambda. Il a maîtrisé la technique en l’humanisant.
Enfin, à une époque où règnent les grandes entreprises anonymes dont le directeur n’est que le premier employé des actionnaires et n’apparaît au grand jour que lorsque les journaux évoquent ses bonus excessifs ou l’envergure de son parachute doré, Steve Jobs était un vrai patron. C’était, au fond, un de ces patrons à l’ancienne, qui lient leur destin à l’entreprise qu’ils ont créée. La sienne comptait plus de 45000 employés. Il en avait une vision complète, il en orientait les créations, de la conception à la publicité, il faisait le lien, pardon, l’interface, entre elle et le reste du monde. Même si une identification personnelle aussi forte se paie d’une succession difficile, elle est la marque des vrais entrepreneurs.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- «Ensemble, construisons l’avenir» – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Jeux d’argent: suite et (lamentable) fin – Julien Le Fort
- Les 150 ans du Conservatoire de Lausanne – Jean-Jacques Rapin
- Informés ou intoxiqués? – Adrien Delafontaine
- Garder l’oeil sur Lampedusa – Cédric Cossy
- Une oeuvre inédite en terre vaudoise: le Requiem de Reicha – Frédéric Monnier
- Playmobil, design et réalités sociales – Félicien Monnier
- Au secours, Maman Helvetia! – Revue de presse, Ernest Jomini
- La vis et l’écrou – Revue de presse, Philippe Ramelet
- Les partis après les élections – Ernest Jomini
- Des richesses infinies à dimension humaine – Cosette Benoit
- Trop civilisés – Jacques Perrin
- Le langage SMS, un élitisme en voie de disparition – Le Coin du Ronchon