Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Esprit vaudois, es-tu là?

Henri Laufer
La Nation n° 2189 3 décembre 2021

Le 29 novembre dernier, Les rendez-vous de Cèdres Réflexions organisaient une conférence débat à l’Espace Culturel des Terreaux (ECT) pour tenter de répondre à cette question évoquant malicieusement le spiritisme plus que le spirituel.

Le professeur Jacques Besson, entouré de Sylvie Arnaud et Jacques Zwahlen, avait réuni d’un côté la conseillère d’Etat Christelle Luisier Brodard et l’historien Olivier Meuwly et de l’autre côté l’ancienne syndique popiste de Renens Marianne Huguenin et le député vert Raphaël Mahaim pour aborder la question sous les angles historiques et politiques.

Jacques Zwahlen a commencé par donner une suite de tableaux déroulant le fil rouge des événements ayant marqué l’évolution du Pays de Vaud depuis le haut Moyen Age jusqu’à nos jours, ce qui a d’emblée donné le ton d’une certaine légèreté non dépourvue de quelques choix partisans et tout en rappelant plusieurs pierres angulaires de notre histoire.

Les quatre intervenants ont ensuite chacun présenté ses réflexions toutes personnelles et la diversité en même temps que la forte personnalité de chacun a abouti à une réponse richement contrastée.

Olivier Meuwly a naturellement commencé par une mise en perspective historique et s’est passablement attardé sur l’article 169 de la Constitution vaudoise posant que «L’Etat tient compte de la dimension spirituelle de la personne humaine». Le canton de Vaud est en effet le seul Canton qui a abordé la question religieuse de manière aussi frontale et cette prise de position a amené le Canton à définir quelles Eglises étaient reconnues et donc subventionnées par l’Etat.

Lui a fait suite Marianne Huguenin qui s’est sensiblement plus concentrée sur sa propre trajectoire et sur les obstacles qu’elle a dû franchir pour faire aboutir ses revendications et alors qu’elle était comme elle le dit elle-même une Neuchâteloise du Haut et un pur produit de Mai 68, on doit constater qu’avec ses partisans, ses principales luttes ont été victorieuses et que la société vaudoise s’en trouve modifiée en profondeur.

Puis Raphaël Mahaim a pris le micro pour exprimer les avancées politiques apportées à l’Esprit vaudois par le mouvement écologique, il voulait démontrer en quoi l’Esprit vaudois avait été porté sur le devant de la scène politique mondiale grâce aux combats écologiques de la première heure (le refus d’enfouir les déchets nucléaires à Bex). Pour lui, le Vaudois a l’audace des timides, longtemps, il ne dit rien, il encaisse, et soudain il explose et pose un grand acte politique, il prenait pour exemple la grève des femmes du 14 juin 2019.

Christelle Luisier Brodard est intervenue en dernier en racontant son parcours personnel de petite fille débarquée à l’âge de 10 ans de son Valais natal dans la cité broyarde de Payerne où elle a commencé à faire ses armes en s’engageant dans la vie de la paroisse catholique, puis elle a continué dans la vie politique en ayant la chance, comme plusieurs autres intervenants de la soirée, d’avoir siégé dans l’assemblée constituante, cette assemblée qui a sorti le Canton de l’ornière où il s’enlisait. Elle est aussi revenue sur les propos d’Olivier Meuwly expliquant l’extraordinaire tension qu’il y avait entre d’une part la définition des critères objectifs et quantifiables pour reconnaître une éventuelle nouvelle communauté religieuse et d’autre part la perception politique d’un tel exercice.

En fait, les quatre intervenants ont reconnu qu’ils tenaient fermement à ce que ce lien compliqué entre Eglises et Etat soit maintenu et peut-être est-ce là le trait actuel le plus caractéristique de l’Esprit vaudois. Il est piquant qu’il soit apparu dans ce qui fut autrefois en quelque sorte la cathédrale de l’Eglise Libre, libre justement de l’Etat.

La soirée du 29 novembre sera suivie le d’une seconde soirée qui se tiendra le 13 décembre à 19 heures à l’ECT et qui abordera la même question mais sous l’angle culturel.

Je ne peux que vous inviter vivement à y assister

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: