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Ici on parle français sans accent

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 1902 19 novembre 2010
Tout a commencé dans un bus lausannois. Au troisième arrêt, l'auteur de ces lignes a sorti son agenda électronique et a marqué: «Ecrire quelque chose sur les voix insupportables qui annoncent les arrêts dans les bus.» En effet, les gens qui ont réalisé ces annonces vocales – composées, pour des raisons techniques, d'une succession de courts enregistrements séparés contenant chacun un mot – ne se sont donné aucune peine: le ton de la voix monte ou descend de manière absurde à chaque mot, de sorte que le résultat est affligeant et donne envie de sortir indépendamment du nom de la station. A tout prendre, on préférera donc le métro M2 et ses bruitages blets de castagnettes, de train à vapeur, de bateau à vapeur, de jambes cassées, d'ours et de fourmis.

En dehors des transports publics, on signalera d'autres effets vocaux encore plus horripilants: ce sont les accents étrangers qu'affectent – que sont obligés d'affecter – les acteurs qui tournent des séquences publicitaires. Passe encore de rouler les «r» pour vendre des pâtes, ou que l'armailli qui propose du fromage d'Appenzell donne audiblement l'impression de venir du même endroit. Mais cet accent indéfinissable qui pourrait être aussi bien anglais, hollandais, allemand ou suédois, et que l'on tente néanmoins de définir en dévisageant la ravissante hôtesse, le jeune bellâtre mal rasé, la diva rayonnante ou le séduisant quadragénaire ténébreux qui tous, dans leur français artificiellement maladroit, espèrent nous convaincre d'acheter un nouvel aspirateur, un nouveau dentifrice, une nouvelle cuisine ou une nouvelle police d'assurance – toutes choses qui ne sont pas spécifiquement anglaises, hollandaises, allemandes ou suédoises –, eh bien cet accent, exagérément accentué, nous insupporte car il sonne faux et la mode en est usée. A tout prendre, on préférera donc les publicités de Monsieur Clowné, en anglais authentique et sous-titré sans accent.

La morale de tout cela est que les Vaudois n'ont pas assez d'accent et les autres trop. Il s'agit là d'un problème à la fois aigu et grave.

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