Ici on parle français sans accent
En dehors des transports publics, on signalera d'autres effets vocaux encore plus horripilants: ce sont les accents étrangers qu'affectent – que sont obligés d'affecter – les acteurs qui tournent des séquences publicitaires. Passe encore de rouler les «r» pour vendre des pâtes, ou que l'armailli qui propose du fromage d'Appenzell donne audiblement l'impression de venir du même endroit. Mais cet accent indéfinissable qui pourrait être aussi bien anglais, hollandais, allemand ou suédois, et que l'on tente néanmoins de définir en dévisageant la ravissante hôtesse, le jeune bellâtre mal rasé, la diva rayonnante ou le séduisant quadragénaire ténébreux qui tous, dans leur français artificiellement maladroit, espèrent nous convaincre d'acheter un nouvel aspirateur, un nouveau dentifrice, une nouvelle cuisine ou une nouvelle police d'assurance – toutes choses qui ne sont pas spécifiquement anglaises, hollandaises, allemandes ou suédoises –, eh bien cet accent, exagérément accentué, nous insupporte car il sonne faux et la mode en est usée. A tout prendre, on préférera donc les publicités de Monsieur Clowné, en anglais authentique et sous-titré sans accent.
La morale de tout cela est que les Vaudois n'ont pas assez d'accent et les autres trop. Il s'agit là d'un problème à la fois aigu et grave.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Un parti opposé à l’armée n’est pas à sa place au gouvernement fédéral – Editorial, Olivier Delacrétaz
- A nos lecteurs – Rédaction
- L’armée, nécessaire et impossible – Jacques Perrin
- Tout est permis aux écolos – Jean-François Cavin
- D’Evreux à Cossonay – Daniel Laufer
- Le grand écart – Revue de presse, Philippe Ramelet
- Retour à l’Etat totalitaire – Revue de presse, Ernest Jomini
- On nous écrit: La Suisse des régions et le «sens de l’Histoire» – Marc-André Althaus
- Henri Guisan suscite l’intérêt des Confédérés – Roberto Bernhard